Brodsky de Bergerac
Datte: 16/05/2018,
Catégories:
pastiche,
Humour
revebebe,
poésie,
Auteur: Brodsky, Source: Revebebe
... faut pas parfois y sacrifier sa nuit ?
Nul ne m’a jamais vu accabler un auteur
Pour une histoire mauvaise ou un texte mineur ;
Je sais tout le travail qu’il a dû déployer,
Alors tout texte offert mérite mon respect.
L’écrivain doit toujours se remettre en question,
Savoir changer de peau, de style, ou de nation.
Gentilhomme le jour et crapule la nuit,
Parfois je suis Siorac, parfois je suis Brodsky.
Écrire ou faire l’amour exige des notions
D’adaptabilité : toutes les positions
S’étudient tour à tour ; on jouit des caresses,
Des morsures ou des coups offerts par sa Déesse.
Brodsky est donc grossier, prétentieux et vulgaire.
Personnage d’Audiard sorti de son bestiaire,
Il m’apparaît parfois sous les différents traits
De Lino Ventura ou de Bernard Blier ;
Il peut tout aussi bien revendiquer les mots
Qu’offrait Frédéric Dard à son San-Antonio
Sans oublier non plus – je n’en ferai pas grâce –
Les perdants racontés par le Vieux Dégueulasse.
« Lourd de chez lourd », dit-on ! En m’affublant ainsi,
On s’en prend à ceux qui ensoleillent ma vie :
C’est un affront cruel à François Rabelais,
À John Fante, à Céline et à Bernard Dimey.
C’est vouloir reléguer les amoureux des mots
À la cour des miracles, au bûcher, au poteau.
Depuis deux ou trois jours ma plume me démange ;
Elle sort de l’encrier : il faut que je la venge.
Voilà pourquoi, Monsieur, je vous jette mon gant !
Acceptez ce duel, vous ...
... serez élégant.
Les armes sont choisies : c’est en alexandrins
Que j’entends vous navrer. Vous ne risquez donc rien
Si, comme le prétendent vos puissants commentaires,
Vous savez mieux écrire que « Brodsky le Vulgaire ».
De plus, si vous sortez vainqueur de ce combat
Vous deviendrez l’icône de Télérama.
« Lourd de chez lourd » ? Allons, c’est un peu court, bonhomme !
Il eût fallu écrire bien d’autres choses, comme
« Professoral : Monsieur, vos mots sont mal choisis
Et sont cause, pour sûr, de l’aérophagie
Qui fait enfler ce ventre aux airs de potiron
Et déborde parfois de votre pantalon. »
Campagnard : « Hé, l’ami, v’là des phrases et des mots
Qui sont pas bien jolis dans la bouche d’un gros… »
Moqueur : « Brodsky, avec sa queue en tire-bouchon,
Se répand en bêtises, écrit comme un cochon. »
Lyrique : « Juste du vent ! C’est mauvais, ce n’est rien.
Chacun l’aura compris : pour moi, ce n’est pas bien. »
Intello : « C’est Brodsky… Le néant absolu
Sans rien de consistant si ce n’est le mot ̏cul˝. »
Narquois : « C’est bien écrit, et il nous dit qu’il aime ;
Mais on l’aura compris : il n’adore que lui-même. »
Vous auriez pu, Monsieur, me lancer tant de traits
Et avoir les rieurs ainsi à vos côtés :
« S’il fallait cuisiner pour devenir auteur,
Brodsky pourrait tout juste cuire un hamburger ! »
Ou encore plus cruel : « Quand il parle de baise,
On sent bien que notre homme n’est pas très à l’aise.
Que ...