Retour en Canfre : les familles ennemies - Histoires de Sexe

Retour en Canfre : les familles ennemies

... chambre. C’est pour cela qu’il y a des miroirs partout.

C’est au tour de Douceline d’être abasourdie. Elle n’est pas sûre d’avoir bien saisi ce qu’a dit son interlocutrice :

— Aménagé pour voir ?

Ludivine regrette d’avoir eu trop longue langue. Maintenant que c’est dit :

— Oui, aménagé pour que l’on puisse voir.
— Pourquoi ?
— Tu ferais mieux de demander pour qui ? La réponse est pour mon mari.
— Pour ton mari ?
— Oui, mon mari. Comme tu le sais, il n’est plus dans sa prime jeunesse. Il a bien du mal à me baiser. Il ne retrouve un peu d’ardeur qu’après m’avoir vue prise par un autre.
— Gaétan.
— Il y a Gaétan, bien sûr, que je vois même hors de sa présence, mais pas seulement, car il ne veut point que j’aie un seul amant. En dehors de lui, mon cher époux me choisit des partenaires, le plus souvent pour un soir, même si quelques-uns réapparaissent périodiquement.

La foudre serait tombée aux pieds de Douceline qu’elle n’eut point été plus abasourdie. Elle regarde son amie comme si elle venait d’un autre monde :

— Il veut te voir avec d’autres hommes. Point cela n’est possible. Nul homme ne peut désirer ça !
— Je t’assure que cela est. Au début il me demandait de me caresser ou de me masturber avec des godemichets – elle précise en voyant que son interlocutrice ne connaît pas ce mot –, un godemichet est un phallus artificiel qui est enfilé, par soi-même ou par un tiers. Il y en a qui sont fabriqués à cette intention et fort ressemblants, mais ...

... chandelles, carottes, flacons, manches d’outils… et infiniment d’autres choses peuvent servir à cet usage. Rapidement cela n’a plus suffi à faire naître une raideur chez lui. Comme il savait mon inclination pour Gaétan, il m’a proposé un jour de me laisser le retrouver à deux conditions. La première est qu’il puisse assister à nos ébats. La seconde est que Gaétan ne soit pas le seul à profiter de mes faveurs et qu’il se chargerait de me trouver des partenaires en dehors du cercle de nos relations.
— Et tu as accepté, mais cela veut dire que tu… euh… enfin avec des hommes que tu n’aimes pas, que tu ne connais même pas ?
— Que je me fais sauter par des inconnus ? Oui, mais cela me permet de voir Gaétan régulièrement.
— Gaétan accepte cela ?
— Il ne sait rien. Ni que mon mari nous regarde ni que je rencontre d’autres hommes. S’il l’apprend, il risque de ne pas comprendre que je fais tout ça pour lui. De toute manière dès que mon mari décédera, toute cette pantalonnade cessera et je pourrais enfin l’épouser.
— Mais où ton mari déniche-t-il des partenaires ?
— Surtout parmi des gens de passage : des colporteurs, des marins, des voituriers, des soldats.
— En trouve-t-il aisément ?
— C’est fluctuant. Jamais moins d’une fois par semaine, mais cela peut aller jusqu’à cinq fois et pas plus, car il y a deux jours réservés pour Gaétan.
— Comment sont-ils ?
— Il y a de tout : des raffinés, des rustres, des délicats, des butors, des sybarites, des rustauds, des brutaux, des doux, des ...