Retour en Canfre : les familles ennemies - Histoires de Sexe

Retour en Canfre : les familles ennemies

... pas le seul à tenir ce raisonnement. Serge et Douceline l’ont également. Dans leur cas, l’intérêt qu’ils se portent n’est pas neuf. Quelque quatre mois plus tôt, leurs chemins se sont croisés durant une fête paroissiale. Ignorant leur appartenance aux familles ennemies, ils avaient éprouvé une inclination réciproque. Loin de les détacher, la révélation de la chose les avait fait s’accointer plus étroitement. Ils se retrouvent secrètement régulièrement, cherchant comment vaincre l’adversité, imaginant maints projets plus ou moins utopiques. Pourtant ils n’avaient point songé à celui, pourtant aisément réalisable, de leurs cousins.

Quand la compagnie quitte la chambre pour se diriger vers la salle commune pour prendre collation, les deux amoureux s’attardent. Une fois les autres éloignés, ils s’embrassent. Serge regrette :

— Claude et Dominique ont trouvé la solution au problème qui nous ronge depuis des semaines. J’avoue que je n’ai jamais osé te la proposer, j’aurais trop craint de passer pour un séducteur, cherchant bonne fortune et de perdre ta considération et ton amour.
— J’y avais aussi songé, mais aussi n’ai voulu me hasarder à en prendre l’initiative, de peur de passer pour une libertine.

Tous deux rient, avant que Serge proteste :

— Jamais je ne t’aurais pris pour une fille facile.
— Ni toi pour un débauché.

Ils s’embrassent de nouveau. Douceline reprend :

— As-tu remarqué la manière dont Marc-Antoine et ta cousine se regardaient.
— Oui. Ils ...

... ne se quittaient pratiquement pas des yeux.
— Je crois qu’il se verrait bien imiter sa sœur, d’autant que cela lui, permettrait d’échapper au mariage envisagé pour lui avec la Garceret, dont le caractère malcommode est de notoriété publique. Il a des chances de parvenir à ses fins, c’est le préféré de grand-père. Pour nous cela deviendrait plus difficile alors.
— Pourquoi ?
— Je vois mal un troisième mariage entre nos deux familles. Il nous faut agir rapidement, si nous ne voulons pas que notre bonheur nous glisse entre les doigts. Pour ça nous n’avons qu’à suivre le même plan que nos cousins.
— Que nous fassions un enfant ?
— Oui, ce serait le mieux, mais de se faire surprendre par nos parents peut permettre d’arriver au même résultat plus rapidement. Il faudra avouer que nous sommes amants depuis des semaines.
— Tu es une rouée.
— Une rouée, peut-être, mais une pucelle sûrement. Il faut que je perde cet état promptement. Se faire surprendre avec le sang de la défloraison sur les draps rendrait moins crédible une liaison prolongée.

Serge boit du petit lait en entendant la déclaration de son aimée :

— Quand veux-tu que nous…
— Dès ce soir.
— Où ?
— J’ai mon amie Ludivine, celle qui a été mariée au vieux Scarrin l’an passé…
— La pauvre, il a au moins quarante ans de plus qu’elle.
— Quarante-huit pour être précis. Enfin, quand elle a été mariée, son cœur soupirait après un garçon et il soupire encore. Elle loue chez une veuve pour retrouver régulièrement son ...