Récits érotiques de la mythologie (17). Méduse
Datte: 02/06/2021,
Catégories:
BDSM / Fétichisme
Auteur: Olga T, Source: Hds
... bouclier d’airain. »
Athéna et Méduse sont intimement liées, comme deux pôles opposés. La naissance d'Athéna, qui naît casquée du crâne de son père Zeus, offre en effet une image inversée de la mort de Méduse, qui donne naissance à Pégase et à Chrysaor jaillissant de sa tête. Jalouse de la beauté de Méduse, Athéna arme et guide Persée pour aller tuer sa rivale.
FREUD ET MEDUSE, LA CASTRATRICE
Dans la relecture psychanalytique du mythe Grec, ce pouvoir de vie et de mort sur les hommes n'est qu'un symbole de castration, de la capacité de la femme à provoquer l'impuissance du mâle : en décapitant Méduse, Persée reprend le contrôle de sa virilité et met en échec la ruse féminine.
Dans un bref article intitulé « La Tête de Méduse », où il s'interroge sur la sexualité féminine, Sigmund Freud propose une interprétation psychanalytique de ce mythe selon laquelle la décapitation de Méduse serait une représentation de la castration. La terreur qu'inspire le monstre serait donc la peur de la castration, résultant de la vue de quelque chose qu'on n'était pas censé voir ni regarder. Cette angoisse apparaîtrait chez le petit garçon qui, en apercevant les organes génitaux féminins, découvre que la menace de castration est bien réelle. Cette interprétation de Freud établit ainsi un « lien entre sexe et effroi [qui] est attesté aujourd’hui par les travaux d’anthropologues, de philosophes et d’historiens».
Le visage rond entouré d'une couronne de cheveux serait en fait un sexe ...
... féminin. Cette représentation présente certaines ressemblances avec Baubô, une figure féminine liée aux mystères d'Éleusis. Celle-ci en effet montre sa vulve en soulevant sa robe. Mais alors que « Gorgô pétrifie en exhibant le sexe sous son aspect mortifère, Baubô réanime en rappelant qu'il est bien source de vie»
Dans le prolongement de l'interprétation de Freud, son disciple Ferenczi s'est aussi interrogé sur la signification du mythe : « L'analyse des rêves et associations m’a amené plusieurs fois à interpréter la tête de Méduse comme le symbole effrayant de la région génitale féminine dont les caractéristiques ont été déplacées du bas vers le haut.»
Contrairement à Freud qui voit dans la Gorgone le résultat d'une castration, Philip Slater voit dans Méduse une Mère castratrice, dont le pouvoir terrifiant est tenu en échec par la vierge Athéna.
LES FEMINISTES ET LA DEFENSE DE MEDUSE
En 1971, dans un poème intitulé « The Muse as Medusa », l'écrivaine belgo-américaine May Sarton dénonce le processus d'identification des lectrices au héros Persée.
Dans un essai aux allures de manifeste, intitulé « Le rire de la Méduse » (1975), Hélène Cixous développe l'opposition entre la raison masculine et le corps féminin, représenté par Méduse et sauvagement réprimé. Prenant le mythe à contrepied (« Méduse n'est pas mortelle : elle est belle et elle rit »), Cixous ironise sur les théories freudiennes et refuse la métaphore de la femme vue comme « un continent noir » qu'il ...