1. Tranches de vie 1 et 2


    Datte: 31/05/2021, Catégories: nonéro, Humour Auteur: Zoe G., Source: Revebebe

    ... te mettent bien en valeur, surtout à la sortie de l’hiver où la neige a décalqué sur toi… Et la petite blonde qui a son sourire sur « pause » depuis le début.
    
    — On fait-tu une couleur ?
    
    Ben oui, on fait une couleur, j’ai une ligne blanche continue au milieu de la tête, tiens, ça me fait penser à ma sœur, monitrice d’auto-école.
    
    Avant d’appliquer l’immonde pâte dans mes cheveux, je réclame, j’ordonne, je supplie qu’on délimite le territoire avec une crème qui empêchera la teinture de me faire ressembler à une indigène tatouée. La petite blonde s’exécute sans décoincer son sourire. Ouf ! Me voilà rassurée.
    
    S’il y a une chose dont j’ai horreur, depuis que l’argent a enrichi le sommet de ma personne, c’est d’être affublée de cette trace noire qui semble dire« Elle s’est fait une couleur…mais… elle a des cheveux blancs alors !? ».
    
    Vous n’avez jamais croisé de grand-mère, dans le métro ou ailleurs, avec cette mystérieuse frontière entre son crâne et sa peau ?
    
    Idem avec les barrières de fond de teint qui s’arrêtent au ras du menton, laissant imaginer la laiteuse enveloppe du reste.
    
    Temps de pause : 35 minutes. La blonde me laisse en plan, pour aller babiller avec le reste de l’arc-en-ciel. Je reste donc là, seule, sur mon siège qui ne bascule plus, mon café presque froid sur le comptoir, et un sac plastique sur la tête. Je décide donc de lire un peu, même si je sais que les magazines proposés ne vont pas stimuler mes neurones.
    
    Je tombe sur un article assez ...
    ... poignant sur le proxénétisme infantile. Le reporter qui a écrit l’article a pu, en faisant son enquête, interroger des enfants, mais aussi des hommes qui utilisent leurs services. Je ne comprends pas comment on peut toucher du doigt ce genre de monstre, et ne pas agir en conséquence ! Le monde devient fou !
    
    Un haut-le-cœur me fait décrocher… l’odeur d’ammoniaque sans doute. C’est l’heure de rincer, et tant mieux, je dégouline sous mon capuchon, et là… Horreur ! Le mur de Berlin s’élève sur mon front, presque à la hauteur de mes sourcils ! Je me contiens avec difficulté.
    
    — La blonde ! Allez me chercher la blonde !
    
    Elle arrive, avec son sourire franchement énervant maintenant.
    
    — Ça va partir avec mon produit miracle…
    
    Tout ceci sans desserrer la mâchoire, que je commence à avoir envie de fracasser ! Une brune, lymphatique rondouillarde au regard débordant d’énergie lipidique, me prend en main.« C’est ma fin, me dis-je, la cerise sur le Sunday ! ».
    
    Mollement, elle m’installe au rinçage, et sans mouiller un seul de ses doigts, fait couler l’eau presque froide sur mon crâne endeuillé. Je bous, tapote du pied en retenant mes injures.« Elle va la frotter, ma tête, oui ou non ?!!! ».
    
    C’est non ! Je ne peux me retenir, vociférant et exigeant que l’on me donne de quoi effacer ce tatouage de mon front. Que je ne sortirais pas de là autrement que blanche et blafarde comme neige!
    
    Les filles, sourire coincé, me trouvent le détachant miracle, que je leur arrache des ...