1. Tranches de vie 1 et 2


    Datte: 31/05/2021, Catégories: nonéro, Humour Auteur: Zoe G., Source: Revebebe

    ... sérénité. Une guerre qui n’en est pas une, une guéguerre, une guerre à combustion lente qui ne dégage de la chaleur qu’à temps partiel.
    
    C’est bête une guerre, mais avez-vous déjà vu toutes les festivités qui la suivent ? On se sert la main, on se fait des accolades, on se pardonne, on se reconstruit ensemble. Armistice, flonflon, défilé, pardon, on arrive même à oublier les morts qu’elle a provoqués… jusqu’à la prochaine !
    
    L’amour vient de mon cœur.
    
    La guerre entre ma tête et mon cœur est un champ de bataille où la nature reprend ses droits de temps en temps, et laisse échapper quelque verdure et ciel bleu.
    
    Le sexe vient de mon ventre et connaît trop souvent le couvre-feu. Ce couvre-feu qui fait de moi un fruit amer et desséché. Dans le sexe, je vis. Mes émotions respirent par tous les pores de ma peau. Dans le sexe, je suis. J’existe. Je donne à l’autre plus que je ne sais recevoir, certes, mais dans l’autre, je viens chercher mon offrande comme une prostituée vient chercher le pardon. Dans l’autre je me reflète, en espérant qu’il tienne le miroir. Chaque souffle, chaque halètement, me traverse le corps et appelle la vie.
    
    Chaque couvre-feu me renvoie à une petite mort, une inexistence de ce corps qui ne vivrait pas plus dans le tombeau de Toutankhamon !
    
    La lotte était bonne, le silence pesant, une journée s’éteint, vide…
    
    J’ai toujours adoré me faire triturer les cheveux, mais détesté les ambiances des salons de coiffure. Mon enfance sans doute. Suivre ...
    ... papa dans les concours depuis mon jeune âge m’a certainement vaccinée. Me retrouver en vitrine des petits salons de la région parisienne, alors que mes camarades de classe passaient devant tous les matins, n’était pas ma tasse de thé. Manque de chance pour moi, aujourd’hui je dois y aller. Non pas que je veuille faire la coquette mais là, le temps est venu de redonner un air printanier à cette tignasse.
    
    Je remonte donc d’un bon pas la rue Masson, sous le soleil épuisé de fin de journée, assez contente d’aller me faire dorloter un peu.
    
    Les blondes, brunes, et orange coiffeuses en brochette me lancent des sourires, identiques aux spots publicitaires pour Ultrabrite.
    
    — On te fait-tu (2) un shampoing ?
    — Tu veux-tu t’asseoir ?
    — Tu veux-tu un livre, un café ?
    — Suis-moi…
    
    Il faut dire que le tutoiement au Québec a un côté charmant qui fait tomber les barrières : on me tutoie, je me sens jeune. Je pense « Ben oui, les copines, je veux un bien un café ! ». Mais je leur lance, avec un sourire forcé, un sarcastique…
    
    — Chacune votre tour !
    
    Direction siège à bascule. Il faut peu de temps à la petite blonde pour me transformer en épouvantail à moineaux ! Bavette noire et petit col blanc, telle une avocate, j’ai le plaisir de constater que j’ai de méchants cernes sous les yeux, et que mes rides de future cinquantenaire me le rappelle.
    
    — Accusée, levez-vous !
    — Coupable de vieillissement ! Vous le valez bien !
    
    Je hais les néons des coiffeurs, le genre blafard qui ...