1. 53.4 Le café de Thibault.


    Datte: 29/05/2021, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... départs annoncés. Quentin et Illan, pilier et talonneur. Le premier trop pris par son taf et par sa meuf, le deuxième trop abîmé par une mauvaise blessure au genou.
    
    Thierry partait faire ses études à Paris. Julien partait travailler au pays Basque. Et Jéjé. Jéjé était la grande inconnue.
    
    De la petite clique des JJTT, il n’allait très probablement ne rester qu’un T. celui de Thibault.
    
    Longtemps Thibault avait espéré que quelqu’un du Stade, par le biais d’observateurs souvent présents aux matchs, remarquerait les exploits de son pote, lui proposant d’intégrer les Reichel. Thibault était persuadé que son pote le méritait vraiment. Déjà, ce genre de reconnaissance et de consécration aurait fait le plus grand bien à Jéjé, en ce moment de doute et de changement ; et ça lui aurait probablement ouvert les portes d’une belle carrière pro.
    
    Mais le tournoi était fini et personne ne s’était manifesté.
    
    Alors, tout en faisant la fête chez l’entraîneur, chacun savait qu’à la rentrée, l’équipe ne serait plus la même. Certes, il y avait les nouveaux. De nouvelles amitiés à sceller, de nouvelles histoires de rugby à écrire. Mais le fait de perdre quasiment tous les joueurs les plus emblématiques, juste après cette belle victoire, était difficile à digérer.
    
    Tout le monde faisait la fête pour oublier que cette victoire, cette soirée étaient à la fois l’aboutissement d’un rêve partagé, d’un beau projet commun, d’un effort d’équipe, mais également la fin d’une époque.
    
    Une ...
    ... page se tournait ; et cette soirée, ce serait probablement la dernière où cette équipe gagnante serait réunie.
    
    Alors ils avaient bu et rigolé, beaucoup bu et beaucoup rigolé, autant pour fêter que pour chasser la tristesse, bu et rigolé jusqu’à s’en étourdir. L’évocation des souvenirs communs servant autant les rires que la mélancolie.
    
    Tout le monde ressentait cela, et Thibault un peu plus que les autres ; car, avec le départ probable de son Jéjé à la rentrée, il ne perdait pas qu’un simple coéquipier, mais ce pote qui était presque son frère, son jumeau, sa deuxième vie. Ce pote dont le bonheur était presque plus important que le sien. Ce pote qu’il connaissait si bien et dont il ressentait toutes les émotions comme si elles étaient les siennes. Le bonheur, la tristesse, le doute, les blessures.
    
    Lors de la finale quelques heures plus tôt, il s’était fait une fois de plus la réflexion qu’il s’était fait tant de fois au cours de ces années de rugby. Voir son pote marquer un but pendant le jeu, voir sa joie, entendre ses rugissements de jeune lion qui crie sa puissance et son bonheur, ça le rendait aussi heureux que s’il l’avait marqué lui-même. Car le bonheur de son pote, Thibault le ressentait résonner en lui, dans sa tête, dans son cœur, dans sa chair, comme si une connexion de jumeaux était définitivement établie entre eux.
    
    La soirée s’était étirée tard dans la nuit, Jéjé avait bu et fumé bien plus que de raison. Thibault, fidèle au poste de meilleur pote, avait ...
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