1. Julie et Mariam (9)


    Datte: 24/05/2021, Catégories: Divers, Auteur: ballhin, Source: Xstory

    ... m’embrasse tendrement sur le front. Mes mains tremblent et mon estomac joue au yoyo. C’est à moi de prendre mon destin en main maintenant, même si ce saut dans l’inconnu me terrifie.
    
    * * * *
    
    NANTES.
    
    Je me suis toujours sentie perdue loin de Paris. Mon téléphone en main, en mode zombie, je suis bêtement la voix de mon GPS qui me guide dans les rues de Nantes. Le temps est splendide et le soleil me chauffe la peau, pourtant je tremble de tous mes membres.
    
    « Vous êtes arrivé à destination. »
    
    En bon petit soldat, je m’arrête au milieu du trottoir et lève les yeux. Rue du Château, numéro 2, mon stress monte d’un cran. Quatre heures plus tôt, tétanisée pendant de nombreuses minutes, j’ai failli flancher à trois mètres du guichet, en tout cas, assez pour attirer l’attention d’un agent de la SNCF qui m’a poliment proposé son aide. Paul m’aurait tuée si j’avais reculé si près du but. Une fois dans le train, malgré mon épuisement, une angoisse m’a tenue en éveil tout le long du trajet, m’empêchant de m’assoupir. J’ai cherché les bons mots pour notre rencontre. À part des : « Pardon Mariam, excuse-moi, je suis désolée » qui tournaient en boucle dans ma tête, je n’ai rien trouvé de probant pour implorer sa miséricorde. Ma boîte crânienne est restée désespérément vide ; impossible de me concentrer.
    
    Je peste en m’approchant du porche. Comme une évidence, l’entrée possède un contrôle d’accès. À travers la porte vitrée, l’étiquette Mariam Le Guennec et Filles, apposée sur ...
    ... une boîte aux lettres me saute aux yeux, pas d’erreur possible. J’ai beau retourner toutes les options dans ma tête, l’appeler est mon seul choix. Mais me répondra-t-elle ? Et puis… est-elle à son domicile en ce moment ? Et si ses enfants décrochent ? La panique monte en moi et je me retiens pour ne pas me liquéfier sur le trottoir. D’une main tremblante, je me décide enfin. Un texto sera parfait. Oui, c’est d’une lâcheté affligeante, à cette seconde, je me déteste !
    
    « Bonjour, Mariam. Je suis au pied de ton immeuble. »
    
    J’ai écrit la première chose qui m’est passée par la tête. Les secondes défilent. Elle ne répondra pas, j’arrive trop tard. Mariam doit me haïr après trois jours de silence. Non, c’est mort, et puis c’était une mauvaise idée.Tu m’as embarquée dans quoi, Paul ? Mon cerveau n’assume rien, il me commande de pratiquer illico un rapide demi-tour et de rentrer à Paris ; ça l’arrange, le bougre est incapable d’analyser la situation et de m’apporter une réponse qui me sortirait d’affaire. D’un coup, mon téléphone vibre, un court message me saute aux yeux :
    
    « Pourquoi ? »
    
    Elle doit être là, à m’observer derrière l’une de ses fenêtres. La tête levée, je les scrute une à une et mon angoisse s’amplifie. Je dois répondre sans attendre.
    
    « J’ai besoin de te parler. »
    
    Une seconde vibration arrive instantanément.
    
    « Besoin ? Pourquoi maintenant ? Pour me dire quoi ? »
    
    Mes doigts tremblent et je corrige le texte à trois reprises avant de pouvoir envoyer ...