1. Julie et Mariam (9)


    Datte: 24/05/2021, Catégories: Divers, Auteur: ballhin, Source: Xstory

    ... saison.
    
    Paul se lève et va pour sortir de la pièce, mais il se retourne brusquement sur le seuil, créant de nouveau ma surprise.
    
    — Ne bouge pas, je reviens.
    
    La phrase a claqué comme un ordre. De toute façon, c’est la panique dans ma tête. Depuis le début de cette conversation, mon cerveau tourne au ralenti et ne parvient pas à faire la part des choses. Pourquoi serait-il plus facile d’aller voir Mariam que de l’appeler ? Cette logique m’échappe, je suis tiraillée entre la peur de sa réaction et mon envie d’être à nouveau dans ses bras, deux sentiments puissants qui se battent au fond de moi. Faute de mieux, je me fie au jugement de Paul.
    
    Deux minutes se sont à peine écoulées quand il réapparaît.
    
    — C’est réglé. Je viens de signer tes congés, tu es en vacances. On passe chez toi prendre ta valise et direction la gare !
    
    Mon cœur se met à battre plus fort. Paul coupe tous mes angles de fuite et ce n’est pas la peine de discuter avec lui quand il est en colère.
    
    * * * *
    
    Sur le chemin de mon appartement, Paul ne m’a pas adressé la parole. Notre arrivée est silencieuse. Dès la porte d’entrée passée, chacun part de son côté. J’entre dans ma chambre d’un pas lourd ; mon chaperon se dirige vers la cuisine.
    
    — Vu ta tête, un café ne sera pas de trop !
    
    Je remplis machinalement ma valise posée sur le lit, puis je passe par la salle de bains en baissant la tête devant le miroir. J’ai toujours eu un rapport particulier avec ce dernier et je ne souhaite pas avoir ...
    ... son avis aujourd’hui. Soudain, une voix s’exclame du fond de la cuisine.
    
    — Dis donc, c’est propre chez toi pour une fois. Tu as pris une femme de ménage ou… Ah merde ! Laisse tomber, j’ai rien dit !
    
    Paul vient de comprendre qui était à l’origine de l’état de ma cuisine. Il me rejoint en dodelinant de la tête, l’air navré, et me tend une tasse fumante.
    
    — Allez bois, ça te fera du bien. Tu as un train dans une heure. Nous avons le temps d’aller à la gare et toi de prendre tranquillement ton billet. Je t’ai envoyé un texto avec tout ça, plus l’adresse de Mariam au cas où, par le plus grand des hasards, tu ne l’aurais pas notée. Maintenant, plus d’excuses bidon, s’il te plaît !
    
    * * * *
    
    Au dépose-minute de la gare Montparnasse, Paul me prend dans ses bras pour me communiquer son courage.
    
    — Allez, ma grande. Je suis sûr que c’est la meilleure solution.
    
    J’enfouis ma tête dans le creux de son épaule et, comme une naufragée avec une bouée, je m’accroche à mon ange gardien pendant de longues secondes, avec une très forte envie de ne pas le lâcher.
    
    — Tu sais, j’ai du mal à te comprendre parfois. Tu es une femme jeune, libre, avec les moyens de mener la vie que tu veux, alors pourquoi ?
    
    — Je mène la vie que j’ai choisie, Paul.
    
    — Pff, tête de mule. Arrête de te mentir à toi-même, c’est épuisant ! Je compte sur toi pour me donner de tes nouvelles en arrivant. Allez, prends ton courage à deux mains, s’il te plaît. Fonce et sois heureuse, tu le mérites.
    
    Paul ...