1. Boucler la boucle (première partie)


    Datte: 19/05/2021, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... tant est que ça ait pu être le cas à un moment, ça a cessé de l’être après cette pipe manquée, après son recrutement au Racing, après notre dispute ; et encore plus, après le choc du recrutement de Thibault au Stade Toulousain, ce qui a dû bousculer complètement la priorité de ses soucis.
    
    Désormais, c’est d’une nana dont il a besoin, apparemment ; une nana qui, dans ce moment de grands changements, de colère, de frustration, un moment où même son amitié avec Thibault est mise à mal, va le rassurer au moins en tant qu’hétéro ; une nana avec laquelle il venait peut-être de coucher pendant que je m’inquiétais pour lui.
    
    Je savais que ce n’était pas une bonne idée de m’infliger le supplice d’aller vers lui.
    
    Ce coup de fil m’a doublement blessé : car il m’a confirmé que je l’ai perdu, qu’il ne souhaite plus avoir de contact avec moi ; et aussi, que j’ai définitivement perdu le statut que j’ai peut-être eu un jour à ses yeux, sans m’en rendre vraiment compte, celui de « MonNico ».
    
    Aujourd’hui, « MonNico », « C’est personne ». Personne. Ça calme.
    
    J’envoie un sms au bomécano :
    
    « Je l’ai appelé, c’est sa cruche qui a répondu, mais lui m’a raccroché au nez ».
    
    « Je suis désolé Nico ».
    
    Moi aussi je suis désolé que ça se termine de cette façon.
    
    Le vent d’Autan souffle, souffle, souffle. Il souffle et il emporte mes derniers espoirs ; il souffle et il disperse mon amour.
    
    Je vais tout faire pour t’oublier, mon Jérém : toi qui, pour ne pas être quitté, tu ...
    ... quittes.
    
    Samedi 25 août 2001, 23h55.
    
    Lorsque je pousse la porte du B Machine, je suis frappé de plein fouet par la puissance des décibels. A droite de l’entrée, un escalier s’enfonce dans le sous-sol : c’est de là que vient l’incessante vibration de la musique techno.
    
    Mais dès qu’on avance un peu dans la salle, c’est une ambiance sonore plus apaisée qui est proposée aux clients : la magnifique « Angels » de Robbie Williams retentit dans la sono du haut.
    
    Enveloppée par une lumière tamisée sur des tons bleutés, la salle se développe toute en longueur, bordée sur la droite par un bar presque entièrement occulté par les nombreux clients assis et débouts. Derrière le zinc, deux barmans et une barmaid s’affairent à servir tout ce beau monde.
    
    En face, sur ma gauche, un alignement de petites tables, toutes bondées ; au fond, une porte battante semble donner accès aux toilettes.
    
    C’est d’un pas incertain que je m’aventure dans cet espace inconnu, comme un lionceau qui, un peu méfiant, un peu craintif, pas vraiment rassuré, prendrait sur soi pour poser ses premières traces dans la poussière de la savane. Intimidé par ce terrain nouveau, j’avance lentement, sur mes gardes, tout en essayant de me familiariser avec le lieu et sa faune, une faune quasi exclusivement masculine.
    
    Je ne sais pas si c’est à cause de mon air désorienté, ou de ma démarche un peu gauche, ou tout simplement du fait de mon statut de tête nouvelle ; j’ai l’impression d’être plongé dans une sorte de ...
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