Boucler la boucle (première partie)
Datte: 19/05/2021,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... je n’aurais jamais cru que ça arriverait… pourtant… il va falloir du temps pour que les choses se tassent… c’est pour ça que, pour l’instant, il n’y a plus que toi qui peut garder un œil sur lui… ».
« Qu’est-ce que je vais pouvoir faire, moi ? Il m’a largué comme une merde ! ».
« Tu lui manques, Nico… c’est aussi à cause de ça qu’il ne va pas bien… c’est beaucoup à cause de ça… ».
« Il t’en a parlé ? ».
« C’est sûr, tu lui manques… appelle-le… s’il te plaît… ça lui fera du bien… ».
« Je ne peux pas… je ne peux pas… il m’a fait trop mal, il m’a dit des choses horribles… il m’a dit de dégager de sa vie…
« Jéjé me fait penser à un animal blessé qui se débat, qui réagit par la violence contre quiconque veut l’approcher… » lâche Thibault.
Les mots de Thibault me touchent ; mais mon instinct de survie a encore le dessus :
« Si je l’appelle, je vais encore me faire jeter… de toute façon, il ne va même pas me répondre… ».
Thibault a l’air de plus en plus abattu et désarçonné. Le silence entre nous devient très vite insupportable.
« Il est grand, il sait ce qu’il fait… il ne va pas foutre en l’air son rêve… » je me surprends à tenter de rassurer mon pote Thibault, pour la toute première fois.
« Je l’espère… je l’espère… » fait le bomécano, la voix cassée par l’émotion.
Son inquiétude et son désarroi me touchent au plus haut point. Et cette petite larme que sa main s’est empressée d’essuyer avant qu’elle ne glisse sur sa joue, m’en arrache des ...
... dizaines et me vrille les tripes ; c’est bouleversant de voir un garçon comme Thibault si désemparé, laissant enfin paraître ses émotions.
Je me surprends à prendre ses mains entre les miennes, comme il l’avait fait lors de notre premier apéro, lors de mon coming out. Elles sont grandes, chaudes, puissantes.
Un contact qui, hélas, ne durera pas longtemps, car la sonnerie de son portable retentit bruyamment, et Thibault décroche en suivant.
« C’était la caserne… je dois partir en mission… » il m’annonce, en raccrochant.
« Je vais essayer de l’appeler… je te le promets… » je décide de prendre sur moi, face à la détresse de ce garçon en or.
« Merci, Nico… » fait-il en se levant de la table.
Nous nous prenons dans les bras ; et nous pleurons ensemble, en silence.
Je réalise à cet instant à quel point j’étais dans le faux dans l’interprétation de son attitude depuis deux semaines ; et à quel point j’ai été égoïste. Je me sens mal, et je m’en veux terriblement.
A aucun moment je n’ai envisagé qu’il pouvait être silencieux pour d’autres raisons que le fait d’être « déçu » par mon comportement vis-à-vis de son pote ; je pensais qu’il m’en voulait, alors qu’il ne savait même pas ce qui c’était passé ; j’ai pensé qu’il allait bien, alors qu’il était lui aussi particulièrement angoissé et déjà malheureux.
On se trompe souvent sur les intentions des gens, et rarement quelque chose se passe comme on l’avait imaginé : en tout cas, c’est souvent mon cas.
Mais comment ...