Les filles d'Artémis (2)
Datte: 18/05/2021,
Catégories:
Hétéro
Auteur: Orchidée, Source: Xstory
... ont tué nos parents.
Lysippé observa les malheureuses, amère de ne pas avoir deviné l’étendue du drame. Aphrodite avait raison de vouloir changer l’ordre des choses, naître femme s’apparentait à une fatalité. Cette rencontre donnait un sens à sa quête.
– Nous allons vous amener en sécurité au prochain village, promit-elle avec allant, de braves gens vous recueilleront. Comment te nommes-tu ?
La jeune femme rassurée sur son proche avenir se laissa aller à un petit sourire triste.
– Amapola.
– Ce n’est pas chose facile, mon enfant, murmura Lysippé à son oreille, mais tu dois te montrer forte. Ton exemple servira les plus jeunes, tu comprends ? Nous dépendons les unes des autres. Tu sais monter à cheval, je présume.
– Oui noble dame.
– Alors celui-ci est à toi.
Amapola reconnut la force de caractère malgré la douceur de la voix, elle saisit la bride tendue par sa bienfaitrice. Les aînées enfourchèrent les montures des brigands, les moins robustes furent hissées dans les chariots. Hélène pressa Thémis de prendre la tête de la colonne. À son côté, Amapola inspira la princesse.
Le long cheveu sombre ceint du traditionnel lacet de cuir, les pommettes colorées, le visage lisse, le menton délicat sous la bouche fine, la jeune femme rappelait à Hélène son amante abandonnée au palais de Kastanas. Elle aussi montait avec la légèreté d’une cavalière émérite, la tête haute mettant le buste en valeur, une poitrine arrogante dont le souvenir hantait son esprit ...
... désormais.
Oui, Hermia lui manquerait moins cette nuit en présence de la gracieuse Amapola. « L’infidèle doit déjà se consoler à la couche d’un guerrier. » sourit la princesse en son for intérieur, heureuse de ne ressentir aucune jalousie. Envahie par un doute, elle fronça le regard sur l’horizon nocturne.
– Je suis désolée de te rappeler tes malheurs mais une question me brûle les lèvres. As-tu connu ces hommes dans ta chair ?
La princesse se surprit à prier les divinités tant le viol lui apparaissait comme un crime des plus odieux.
– L’appât du gain les poussait à garder intactes nos virginités. Aucun homme ne s’est jamais rendu maître de moi, j’en suis heureuse.
Hélène dissimula un soupir de soulagement derrière un masque d’indifférence.
– Vu leur état d’ébriété, la vigueur leur aurait certainement fait défaut.
L’obscurité dissimulait de nombreux dangers à l’approche du col des Ménades. La froidure intense de l’altitude mordait les chairs malgré la protection des lourds manteaux, la voute céleste parsemée d’étoiles semblait se nourrir de la chaleur de la terre. Rejointe par Lysippé en tête de colonne, Thémis s’enquit de la volonté de sa mère sans relâcher son attention.
– Celles dont nous avons la charge seront abandonnées à un sort cruel dans le prochain village, les paysans les soumettront à leur volonté. Qu’allons-nous faire ?
– Je l’ignore, mentit Lysippé pressée de contraindre sa fille à une réflexion avancée. Quelle décision prendrais-tu à ma ...