La machine à laver - Histoires de Sexe

La machine à laver

... allée jusqu’au porche d’entrée. Maryse poussa la porte.

— Par ici, montra-t-elle en les précédant.

Dans la cuisine, elle indiqua où la machine devait être installée pendant qu’on la posait sur le carrelage.

— Pfft, il fait chaud, haleta le plus vieux, vraisemblablement le patron.
— À qui le dites-vous ! Je ne vous attendais pas si tôt, s’excusa la maîtresse de maison en désignant son peignoir, je n’ai pas eu le temps de m’habiller.
— Vous êtes chez vous, acquitta le chef.
— Y’a pas de mal, ajouta timidement le plus jeune.

Dans le bruit de l’emballage que l’on arrachait, Maryse, adossée à un placard, pianota des ongles contre la porte derrière elle. À gauche de son oreille, un petit œil-de-bœuf assurait la ventilation du placard. Derrière l’œil-de-bœuf brillait un œil d’homo sapiens : celui du mari, caché par le rond de moustiquaire.

Avec ses arguments de petite fille qui ne demande qu’un bonbon, mais finit par en obtenir un kilo, Maryse, la veille, avait réussi à convaincre Vincent de se cacher dans le placard, alléguant que cela l’amuserait qu’il l’observe pendant qu’elle aguicherait le livreur et, surtout, qu’en aucun cas il ne se manifeste. Vincent avait accepté le pacte pervers parce qu’à l’heure d’y souscrire Maryse lui léchait les roustons, mais aussi parce qu’il avait peut-être à y gagner. En effet, la jalousie, chez lui, se changeait en puissant moteur érotique. Plus il en souffrait, plus il bandait. L’un autant que l’autre devraient donc profiter ...

... des termes du contrat, même si deux livreurs au lieu d’un ne put être ratifié comme altération de dernière minute. Ainsi, Vincent se retrouva-t-il dans le placard pour trois motifs : voir, souffrir et bander. En attendant, il avait les tripes nouées. La jeune épouse palpa la clef pour s’assurer que le placard était bien verrouillé puis, obligeante, elle gratta discrètement la moustiquaire du bout de l’ongle en signe de complicité, pour le rassurer.

— Votre mari n’est pas là ? demanda innocemment le chef plombier en levant les yeux sur la jeune femme dont le nœud de ceinture du peignoir s’était relâché.

Comme tout le monde, Maryse savait qu’une ceinture de peignoir se défait sans qu’on y touche.

— Pas avant midi, dit-elle en s’écartant du placard.

Le type regarda sa montre.

— On a le temps, dit-il.

« Le temps de quoi ? » se demanda Vincent depuis son armoire,« Ce Quasimodo a-t-il déjà des idées en tête ? »

— On a tout le temps, acquiesça la jeune femme de son sourire vermillon.

« Voilà qu’elle approuve… »

Le gazier était trapu, ventru, un cou de taureau sur des épaules rondes, chauve, avec une moustache grisonnante au centre d’un visage rougeaud. Bref, le genre pour lequel (millionnaire mis à part), toute femme bien voyante dirait non. Le voyeur, dans son placard, souscrit à l’appréciation féministe :« Non ! »

De son côté, le plus jeune – sans toutefois prétendre à la catégorie Hollywood Star – de plastique svelte, sculpté par le sport, de bronzage ...