Luuzuu - Histoires de Sexe

Luuzuu

... temps, mon Lulu… dit-elle.

Je ne peux m’empêcher de répondre en chantonnant, un souvenir de jeunesse :

— Des rires et des chants… Dans l’île aux enfants, c’est tous les jours le printemps…
— C’est le pays joyeux des enfants heureux… continue-t-elle.
— Tiens, tu connais ça ? C’est très vieux pourtant !
— Oui, je connais. Tu te souviens de la suite ?
— Oui, ça doit être quelque chose comme : des monstres gentils, oui c’est un paradis !
— En effet… Mais ici, les montres ne sont pas gentils…
— Ah ? Je ne comprends pas…

Elle vient se placer un peu plus sur le côté, elle pose son coffret sur la commode. Elle me regarde toujours en souriant :

— Casimir était un monstre orange, qui mangeait une bouillie infâme : le gloubiboulga.
— En effet, je ne sais plus bien ce qu’il y avait dedans, mais ce n’était pas triste !
— Oh oui ! Mes petits-enfants ont essayé, ils ont été malades quelques jours !
— Tes petits-enfants !? Comment ça ?
— N’as-tu jamais été étonné de ce que je pouvais savoir sur les temps anciens ?
— Un peu, oui… mais ça te passionnait. Tu as même fait des études poussées dans ce domaine. Mais je ne comprends toujours pas le rapport avec tes soi-disant petits-enfants.
— Tu as raison, ce n’étaient pas précisément mes petits-enfants si je calcule bien, il y avait deux générations en plus…
— Là, je ne te suis plus…

Elle me tourne le dos, elle ouvre le coffret ouvragé, puis elle me regarde, de profil :

— Un cube parfait, un magnifique cube de trois ...

... sur trois, avec des coins, des côtés, des faces et un centre. Surtout un centre, n’est-ce pas, mon Lulu ?

Je fronce des sourcils, quelque chose me dit que ce n’est pas très bon, ce qui arrive.

— Bien sûr qu’il y a un centre dans un cube, mais…
— Il a même un nom, ce centre, n’est-ce pas, mon Lulu ?
— Un nom ?
— Oh, tu le sais très bien… Luuzuu…

Là, je commence sérieusement à m’inquiéter ! Ma gorge s’assèche, je réponds :

— Luuzuu ? C’est quoi, ça ?
— Ne te fatigue pas, mon Lulu, ne te fatigue pas. Je peux même te citer les autres noms en plus de Luuzuu, ceux des vingt-six…
— Les autres noms ?
— Oui, mais ça serait une perte de temps. Laisse-moi néanmoins te citer un seul nom, celui de Gazaarot, tu le connais, n’est-ce pas ?
— Le Messager…
— Je vois que tu connais…

Dans sa main, un poignard étrange, ressemblant curieusement à celui que j’utilise…

— Je sais qui tu es, mon Lulu, tout. Je sais bien sûr, comment tu as pu vivre jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas trente-six solutions, n’est-ce pas ?
— Que veux-tu dire par là ?
— Tu sacrifies à Luuzuu, c’est tout, c’est tout simple.
— Ah… (Que répondre à ça ?)
— Oui. Mais c’est du gagne-petit, la façon dont tu t’y prenais !
— Comment ça ?
— Une seule victime à la fois, et pour Luuzuu…

J’oublie que je suis attaché, j’essaye de me redresser, ça ne doit pas se passer comme ça, c’est moi qui devrais mener la danse, pas elle :

— Mais c’est Luuzuu le centre !
— Bien sûr qu’il est le centre, mais pour ...