Luuzuu - Histoires de Sexe

Luuzuu

... parvenir au centre, il faut traverser la périphérie, et on gaspille de l’énergie et du temps, beaucoup d’énergie et de temps.
— Et alors ?
— Et alors, il suffit de s’adresser au Messager, tout simplement. Il est habilité au transport, il est donc très efficace, surtout si…
— Surtout si quoi ?
— Je vois que tu suis : surtout si on exploite la notion de groupe.
— Des sacrifices multiples, plusieurs victimes ?
— En quelque sorte… Vois-tu, tu ne sembles pas avoir compris quelque chose dans tout ceci : ce qui compte ce ne sont pas les points de vie, mais le cumul de ceux-ci…
— Le cumul ?
— Oui, plus tu sacrifies en un seul coup, plus tu cumules.
— Hein !? Comment ça ?

Maintenant, je commence sérieusement à baliser, je me refuse à admettre la suite. Avec un sourire angélique, Ophélia s’approche de moi. Elle me caresse les cheveux. Étrangement, ça me calme, malgré ma situation peu enviable.

— Tu as souvent sacrifié, beaucoup, trop même, car chaque victime te sera comptée. Il faut distinguer deux choses : la valeur de la victime et son potentiel. Si tu avais bien lu, tu aurais su qu’à la fin, il te faut, à ton tour, rendre des comptes sur le nombre de sacrifices. Plus le sacrifice est ignoble, plus le potentiel est bon en effet, mais plus ça t’enfonce pour la suite. Par contre, il y a une autre voie…

Presque malgré moi, fasciné, je demande :

— Laquelle ?
— Le sacrifice des sacrificateurs. Tu vois, c’est tout simple : ça rapporte beaucoup de potentiel en un seul ...

... coup, et du fait, qu’ils sont sacrificateurs, leur valeur n’est pas très importante, voire même négative. Tu comprends ?
— La même notion que : « Je vous pardonne votre crime tout comme je pardonnerais à celui qui m’apportera votre tête » ?
— Tu as tout compris, mon Lulu…
— Depuis combien de temps ?
— Moi ? J’ai vécu la construction de la tour Eiffel, et avant, la fin de l’Empire, le troisième.
— Mais tu n’as que trente ans d’âge !
— En effet, mais moi, avec ma technique, je recule dans les années… toi, tu freines seulement.

Elle regarde le plafond, elle commence ses incantations, elle les récite à une vitesse folle, sans erreur, j’en suis admiratif. Là-haut, les ombres changent, se mutent en spirale comme pour ménager une ouverture. Je sais très bien ce qui va survenir à présent. Je sais aussi que ça ne va pas être une partie de plaisir, car tout a un prix qu’on paye tôt ou tard.

J’ai fait en effet une erreur, j’aurais dû mieux comprendre les choses. Luuzuu ne fera rien pour moi, je ne suis pas en mesure de lui soumettre la moindre requête. De plus, je constate bien qu’Ophélia m’est largement supérieure dans ce domaine. Je me croyais au sommet, j’étais tout juste au-dessus des autres. Je me demande quel prix payera Ophélia, si elle en paye un, un jour…

Une dernière demande avant que s’ouvre pour l’éternité mon enfer :

— Ophélia… m’as-tu aimé ? Un peu quand même ?
— Tu veux une réponse ?
— Au point où j’en suis…
— Tu m’as amusé.
— Ah…
— Ne le prends pas ...