Renaissances - Histoires de Sexe

Renaissances

Dans la première partie de ce récit, Alice avait changé de vie en partant vivre chez son grand-père à l’adolescence, pour fuir un père incestueux et une mère indigne. Nouveaux amis, nouvelles expériences…À 19 ans, ses tumultes intérieurs persistent au point qu’elle décide de ne jamais se marier.

J’avais été prise toute la journée de douleurs aiguës, depuis le bas du dos, qui remontaient le long de ma colonne vertébrale. Des douleurs si vives, qu’elles me paralysaient, m’obligeant à marquer un temps, le souffle coupé, concentrée sur les muscles contractés et tiraillés de mon corps pour les détendre.

Dans la nuit, vers 3 heures du matin :

— Michel, c’est le moment, il faut y aller.
— Tu es sûre ? Ce n’est pas une autre fausse alerte ?
— Non, là j’en suis sûre, c’est bien le moment.

Une douche à la Bétadine : être un maximum « stérile ». La valise est prête, chargée dans le coffre ; direction la clinique.

La sage-femme nous accueille :

— Des contractions ? Combien ?
— Je n’ai pas de contractions. Seulement de pénibles douleurs au niveau des lombaires.
— Ce sont des contractions madame. Suivez-moi, on va vous faire un monitoring. Installez-vous dans cette chambre, déshabillez-vous, enfilez cette blouse. Je reviens tout de suite m’occuper de vous.

Mon Dieu, ça y est, nous y sommes. Je vais être maman « pour de vrai ». J’associe toujours cette expression infantile, aux événements incontournables de ma vie, sans possibilité d’échappatoire. Il/elle est là, ...

... bien réel (le), dans mon énorme ventre. Neuf mois déjà.

Après avoir passé une grande partie de ma vie à refuser d’être une femme, pour fuir la perversité de mon père et aussi parce que je refusais de souffrir des Hommes, je suis au terme de neuf mois, deux ans et demi après ma rencontre avec Michel, sur le point de devenir maman.

— Être une femme, je ne sais pas ce que c’est vraiment. Pourtant, j’ai été maîtresse, je suis épouse et je vais devenir maman. J’ignore ce qui pourrait me convaincre, ce qui pourrait faire que je me sente femme, à quelques heures d’accueillir notre bébé.

*****

L’infirmière revient. Elle lubrifie son doigt pour m’examiner. Je relève le bassin, poings fermés sous les fesses. Qu’est-ce que je peux détester ces touchers vaginaux ! On vous fourre les doigts relevés vers l’utérus, sans ménagement, profondément. En d’autres circonstances, j’aurais pu y prendre du plaisir. Mais là… Un nœud dans la gorge, un autre dans le vagin. Elle peut recommander de me décontracter, rien n’y fait.

— Col ouvert à cinq doigts. Le travail est déjà bien avancé, on vous met en salle de travail tout de suite. Péridurale ?
— Oui, je préfère.

Je hais ces examens obligatoires. Quelle plaie d’être une femme. Les visites chez le gynécologue sont une véritable torture pour moi. C’est si dégradant ! Je ne m’y habituerai jamais, même si la première visite chez un spécialiste du genre datait de mes 15 ans : palpation des seins, loin d’être sensuelle, pour diagnostiquer ...