Enquête et revirements
Datte: 10/04/2021,
Catégories:
fagée,
uniforme,
bizarre,
campagne,
humilié(e),
vengeance,
nonéro,
policier,
sorcelleri,
fantastiq,
Auteur: Musea, Source: Revebebe
... votre cousine épouse-t-elle ? Elle semblait plutôt solitaire ces dernières années et elle ne se mêle jamais à aucune des fêtes ni réunions paroissiales. Aussi je m’étonne d’un mariage aussi rapide en la circonstance…
— Ma cousine est en effet une jeune femme aussi sage que prudente. Mais c’était sans compter sur son charme naturel qui a enflammé le cœur d’un de vos concitoyens : un homme excellent, artisan au village depuis peu et surtout grand luthier parisien. J’étais très surpris de cette union mais tout à fait convaincu lorsque Claire m’a présenté son fiancé. L’homme est honnête, droit, riche et très attentionné, ce qui ne gâte rien. Évidemment, il aurait mieux valu un mari fermier mais Claire est tellement indépendante ! L’essentiel est qu’elle se sente heureuse auprès de cet homme et c’est manifestement le cas. N’est-ce pas, ma cousine ?
Claire sursauta à l’interpellation. La jeune fille se tourna vers Cabet en fronçant les sourcils. Pourquoi avait-il révélé son prochain mariage à l’intendante du château ? Elle crut bon d’interrompre l’indélicatesse. Et fixant les doigts graisseux de son protecteur, qui tenait encore la motte qu’il s’apprêtait à découper, elle sourit malicieusement :
— Cousin, je vous remercie de vos compliments enthousiastes, mais je crains que le beurre frais ne les supporte guère…
L’agent lui rendit son sourire, bardé d’un clin d’œil et s’empressa de servir sa cliente :
— C’est vrai, c’est vrai, où avais-je la tête ? Tenez, chère ...
... madame, dit-il en tendant onctueusement son beurre bien emballé à la femme de charge. Avec le bouquet de thym et celui de basilic que la maison vous offre, cela vous fera 2 francs 50.
Mariette hocha la tête, choisit parmi les bottes d’herbes fines les plus grosses et les plus odorantes et les déposa auprès du beurre dans son panier avant de régler son achat. Claire ferma les yeux de soulagement. Mais, ne voulant pas repartir sans une remarque acerbe, la vieille femme conclut d’un ton mielleux :
— J’espère au moins que ce bonheur conjugal ne perturbera pas la qualité de vos productions. Ce serait très fâcheux pour votre toute nouvelle et fragile bonne réputation.
Claire, soufflée par la brutalité de l’attaque, ne trouva pas le courage de répondre. Même si la femme de charge du château ne l’avait jamais beaucoup appréciée, elle n’avait encore jamais usé de méchanceté à son égard. Ce fut Henri Cabet, aiguillonné par la remarque de Mariette, qui trouva l’énergie de lui répliquer, avec une candeur pleine de rosserie :
— Que madame est gracieuse de se préoccuper de ta réputation, ma cousine ! Avec un chaperon aussi maternellement attentif toutes ces années, je ne m’étonne plus de ta réussite. Un tel exemple de gentillesse, forcément, cela n’a pu que t’aider à donner le meilleur de toi-même… Madame, veuillez me faire l’insigne honneur de me laisser vous baiser le bout des doigts, en signe de ma profonde et éternelle reconnaissance.
Et sans laisser le temps d’un volte-face à ...