1. Vivre son personnage


    Datte: 06/04/2021, Catégories: fh, Oral pénétratio, confession, coupfoudr, amourpass, Auteur: Tito40, Source: Revebebe

    ... l’avait toujours regretté. Quand l’héroïne l’a retrouvée, elle était rongée par l’alcool et la drogue ; il ne lui restait que quelques semaines à vivre, mal, dans la douleur et le regret. Manon s’est alors fait la promesse de retrouver son lâche géniteur et de lui faire payer cent fois le prix de sa couardise.
    
    Un sujet noir pour des personnages abîmés, seulement mus par une irrésistible pulsion de mort. Marie-Anne avait pleuré en lisant le résumé, mais allait refuser le rôle principal avant que je la convainque de tenter l’aventure. Il fallait quelqu’un comme elle pour incarner à la fois la beauté pure et la sauvagerie, la beauté et l’intelligence, la grâce et la ténacité. Ce qui faisait peur à Marie-Anne, c’était la succession de scènes de sexe, que le metteur en scène voulait réalistes, et les scènes de violence, notamment celle où l’héroïne frappe le dos d’un homme à la hache et le précipite dans le vide du haut d’une falaise.
    
    Elle m’a demandé vingt fois de lui confirmer que c’était un bon choix pour elle de se livrer ainsi aux directives d’un metteur en scène exigeant, de se mettre en danger, de s’épuiser pour trouver le ton juste, la gestuelle parfaite, l’incarnation d’un personnage trouble, brillant et séduisant côté pile, horriblement funeste et pervers côté face.
    
    Le tournage a débuté en mars, par une journée froide et humide. Pour des raisons techniques, c’est la scène finale qui a été mise en boîte. Une scène terrible, glaciale, violente, où les larmes ...
    ... vous viennent dès les premières images, succédant à la peur et à l’angoisse. Marie-Anne a eu du mal à se remettre de ces quatre jours consacrés à finaliser cette scène de quatre minutes seulement, mais qui aura nécessité de nombreuses prises, jusqu’à ce que le rendu soit parfait aux yeux du directeur.
    
    Les personnages devaient être épuisés, à bout de nerfs, écorchés vifs, proches de l’explosion. Marie-Anne, qui s’était totalement investie, a terminé effectivement vidée, hagarde. Puis après un week-end de repos, elle a repris sur des scènes également violentes, d’altercations brutales, de cris et de heurts. À la fin du premier mois, elle avait perdu dix kilos et ses traits s’étaient durcis. Elle vivait son personnage longtemps après le clap de fin. J’ai failli lui demander d’arrêter là, de laisser tomber pour préserver sa santé, mais elle n’était pas femme à renoncer, fût-ce au péril de sa santé.
    
    Après quelques jours de repos, elle a repris le chemin des plateaux avec au menu des tableaux plus simples, des coordinations dans l’histoire. Puis sont venues les scènes avec sa mère, jouée par une actrice formidable qui y avait mis tout son cœur. Les larmes venaient toutes seules aux comédiens, à tel point que les techniciens, eux-aussi, avaient été profondément émus. J’avais pris des vacances pour l’accompagner. Ce n’est pas Marie-Anne la joyeuse qui faisait face aux caméras, mais bien Manon la maudite, Manon la rejetée, Manon la funeste vengeresse en éclosion.
    
    Les tableaux ...
«1...345...9»