La randonnée - Histoires de Sexe

La randonnée

... tends l’oreille pour écouter, mais elle me prend le menton et me force à la regarder puis m’embrasse longuement faisant sûrement saliver tous les gros mâles autour de nous et me dit à l’oreille :

— Paul, je le souhaite pas, mais… si toi et ta blonde, enfin, si ça va mal, j’aimerais te revoir.

Mon petit cœur de hamster s’emballe.

— Sérieuse ?

Elle acquiesce de la tête en me faisant des petits yeux rieurs.

— Wow !
— Hiii ! s’écrie-t-elle soudainement en se levant d’un coup.

Je m’en échappe du café brûlant sur les cuisses. Outch… Elle se penche et m’embrasse encore sous le regard envieux des bûcherons rivés à son derrière.

— Faut que je me prépare, mon taxi s’en vient. On se revoit ce soir, Paul. Bye !
— Bye !

Comme les autres, je regarde son cul se balancer et ses jambes fabuleuses jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans la roulotte, et quand je me retourne et fais mes yeux méchants, y se retournent tous. Bon ! Pour une fois, ça marche.

Et là, monsieur garde-chasse arrive avec son puissant 4x4 et son gros gabarit. Y se prend un café et vient s’asseoir à côté de moi, dans la pauvre chaise qui se plaint fortement.

— Ça va, fait-il en regardant le camion de Marie, pas de blessé ? Vous avez été chanceux ! Là-bas, au camping José, y a…

Je le laisse jaser tout seul, après tout y m’a pas écouté lui non plus, hier sur la route. De plus le bruit m’agace et lui aussi donc je m’esquive en vitesse pendant qu’il regarde ailleurs, pour aller voir ma roulotte. ...

... Sur le chemin rempli de débris déjà débités et écartés sur les côtés, je croise deux gars tronçonneuse à l’épaule. « C’est sans doute comme ça que les bûcherons prennent leur marche matinale », me dis-je. Je réalise soudainement que ces gars-là risquent leur vie tous les jours pour nous fournir du papier-cul. C’est quelque chose quand même !

— Bonjour M’sieur.
— Bonjour…

Je veux les féliciter pour le papier de toilette et leur parler de l’excellente série télé sur les bûcherons en Amérique, un des dix métiers les plus dangereux du monde, mais…

— C’est à vous la petite roulotte blanche et verte là-bas ?
— Oui, pas de dégâts ? demandé-je inquiet.
— Ben, on l’a remise sur ses roues…
— Pardon ?
— Pis on l’a sortie de la rivière.
— Shit !
— On a ouvert la porte et les fenêtres, elle va sécher, pis on a nettoyé le terrain. Heureusement, y avait personne dedans, nous a dit Mme Lemieux. Elle a de sacrées belles jambes, hein ?
— Ouais ! faites attention aux vôtres ! dis-je en continuant et les laissant perplexes. Et merci pour le papier-cul !
— Ah ! Eh ! Monsieur !

Je me retourne trop heureux de pouvoir sans doute les renseigner sur quoi que ce soit étant donné mon énorme bagage de connaissances.

— Oui !
— On n’a pas réussi à faire sortir la chauve-souris.
— Hein !

Ils sont déjà repartis en riant.

Ma belle roulotte est cabossée et détrempée, j’y entre inquiet, sur le qui-vive et malheureusement sans armes.

Quelque chose comme un vieux chiffon mouillé ...