1. Le temps des manifs...


    Datte: 02/04/2021, Catégories: fh, jeunes, inconnu, amour, volupté, pénétratio, fsodo, init, Auteur: Jeff, Source: Revebebe

    Elle m’a tendu la main et son sourire. J’ai pris sa main et, derrière mon foulard remonté sur le nez, j’ai fait un sourire. Mes yeux ont dû se plisser car elle a souri derechef. Et nous avons marché, main dans la main, durant des dizaines, des centaines, des milliers de mètres. À tue-tête, nous avons crié des slogans à nous époumoner, jusqu’à ce que nos cordes vocales soient usées, éraillées à la limite de nous faire mal. De temps à autre, lorsque le cortège ralentissait, nous nous regardions.
    
    Ni l’un ni l’autre nous ne nous connaissions. Elle était plutôt de la taille minuscule. Blondinette, aux cheveux courts rassemblés en mèches, chacune étant tenue par un élastique de couleur. Cela faisait une coiffure un peu spéciale, originale. Son regard était pétillant de bonheur mais, en même temps, teinté de sérieux, d’appliqué. Son nez, mutin, était petit et légèrement retroussé sur une petite bouche lippue. Ses yeux étaient pervenche et ses oreilles ornées de plusieurs boucles. Sa petite main dans la mienne était moite et de temps en temps un peu tremblotante, surtout à la vue des premiers casques de CRS. Ce devait être sa première manif, moi je jouais le cador, le blasé. Pourtant, je restais sur mes gardes, car je savais que quelques éléments troubles parsemaient le cortège qui se voulait pacifique et pacifiste. Mais les débordements allaient bientôt débuter car le cortège commençait déjà à se disloquer.
    
    Par petites pressions, je l’encourageais à s’orienter vers le ...
    ... bord de la rue. Du coin de l’œil, car j’étais nettement plus grand qu’elle, je surveillais les mouvements des casques noirs à bande jaune qui nous barraient la rue. Depuis de longues minutes nous étions bloqués par un important cordon de police, et déjà s’élevaient les premiers cris de colères, et les premiers objets de toutes sortes volaient au-dessus de nos têtes dans leur direction. Il fallait faire vite. Je ne savais pas trop pourquoi, mais cette jeune fille fraîche et plutôt fragile devenait une « petite chose » à protéger de la violence qui allait s’abattre sur nous. Alors j’ai pressé le mouvement et l’ai entraînée rapidement derrière moi, jouant des épaules et des coudes pour me frayer un passage à travers le cortège, sans jamais lui lâcher la main.
    
    Et l’inéluctable est arrivé. D’abord sous forme de cris, de hurlements, puis de déflagrations et d’une fumée piquante issue des premières grenades lacrymogènes tombant à quelques mètres de nous, quand j’ai réussi à m’engouffrer dans une porte cochère encore ouverte.
    
    Je l’ai tirée violemment à moi, lui arrachant presque le bras. Mais derrière mon dos je l’entendais déjà tousser, renifler et haleter sous la violence des vapeurs de gaz. Puis je refermais la porte avec rudesse, m’y adossant comme pour faire barrage de mon corps. Elle, elle se laissait glisser, s’accroupissait au pied du mur et tentait de reprendre ses esprits et son souffle. Moi, j’ôtais enfin le foulard qui me servait de protection et avait filtré ...
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