1. Une érotique Odyssée (1)


    Datte: 07/05/2018, Catégories: Erotique, Auteur: Lydris, Source: Xstory

    ... n’ai pas le temps de voir qu’une ombre serpentine fléchir mes genoux et me faire tomber sur la chaise que me présente Circé.
    
    Avant que j’aie le temps de jurer, quelque chose entre dans mon champ de vision. C’est une coupe en or, longuement travaillée, ornée d’un entrelacs de faisceaux d’argent, et qui laisse miroiter ses riches reflets dans une mixture sombre. Les arômes chargés qui s’en dégagent envahissent mon nez pour se mêler à mon souffle –j’ai l’impression qu’ils pénètrent en moi. En relevant les yeux, mon regard court le long du long bras de l’enchanteresse, rejoint son épaule, caresse sa peau que je devine nacrée dans les reflets surnaturels du breuvage.
    
    — Bois, héros, souffle-t-elle de sa voix claire comme l’eau d’une source. Dépose un instant le fardeau qu’on t’a injustement attribué.
    
    Les formes, sur le contour de mon champ de vision, se mêlent les unes aux autres dans une valse envoûtante. A vrai dire, tout semble devenir liquide ; tout, à l’exception des deux yeux de Circé, deux onyx plus noirs que le noir même et qui semblent me clouer au siège de la table de banquet. Je lève mon bras presque contre ma volonté et attrape le métal froid du calice qu’elle me tend. Il est lourd. Une sensation glaciale remonte jusqu’à mon coude, un froid qui aurait engourdi mes nerfs si le dieu ne m’avait pas protégé. Et sans réfléchir, je prends une rasade de vin.
    
    Le liquide visqueux, écœurant de sucre et d’épices, envahit ma bouche et ma gorge. Je le sens qui ...
    ... empâte ma langue, qui colle à mes dents, qui prend possession de moi de l’intérieur. Une chaleur formidable jaillit de mon cœur et se répand avec une lenteur doucereuse dans tout mon corps, tandis que je me mets à trembler. C’est alors seulement que je me rends compte que la sorcière s’était mise à fredonner, de sa voix toujours aussi claire, quelque chose dans une langue que je ne comprends pas. Le sortilège se distille dans mes veines, stimulé par les paroles de Circé, et... et rien. Enfin, rien d’autre qu’une chaleur extraordinaire. Mes veines semblent gorgées de feu liquide, tandis que mes nerfs frémissent sous ma peau hérissée par la chair de poule. Triomphalement, je pose le calice sur la table, je me relève et je menace mon ennemie de mon épée.
    
    — Rends-moi mes hommes, sifflé-je entre mes dents, les muscles tendus par la chaleur de son breuvage.
    
    Dans les yeux ténébreux de Circé, je découvre de la peur, mais surtout de la surprise. Elle se jette à mes pieds, prostrée, ses bras entourant mes genoux.
    
    — Qui donc es-tu ? gémit-elle. Comment as-tu bu ce philtre sans en être charmé ? Sûrement, tu dois être un dieu, à moins que...
    
    Elle lève son visage vers moi. Des pleurs ont coulé de ses yeux scintillants, faisant luire sa peau à la lumière des bougies.
    
    — A moins que tu sois Ulysse aux mille ruses, murmure-t-elle d’une voix fascinée, l’homme à qui l’éternelle Troie doit sa chute.
    
    Malgré la menace de mon épée, que je tiens à quelques centimètres d’elle, elle se ...
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