1. Une érotique Odyssée (1)


    Datte: 07/05/2018, Catégories: Erotique, Auteur: Lydris, Source: Xstory

    ... épée, j’ai l’impression de sentir la moindre imperfection des bandes de cuir qui l’enroulent ; je peux jurer avoir entendu chacun des défauts de ma lame usée buter, lorsque je l’ai dégainée, sur le bord du fourreau. Jamais mon esprit n’a été aussi aiguisé, et mes nerfs n’ont jamais été aussi efficaces pour lui transmettre la moindre information sensorielle. Je suis à fleur de peau.
    
    En poussant le lourd rideau rouge qui voile l’entrée, je suis surpris d’y découvrir une relative obscurité. Une odeur lourde vient agresser mes narines pendant que mes yeux s’y habituent. Méfiant, je fais un pas en avant en relevant mon arme et m’arrête dans le carré de lumière de la porte. La faible lumière de quelques bougies, disposées dans des chandeliers sur une table de banquet, ne suffit pas à éclairer toute la pièce. Les fenêtres, elles, doivent être voilées. Une atmosphère pesante plane...
    
    — Entre donc, jaillit des ténèbres une voix féminine. N’aie pas peur.
    
    — C’est vous qui détenez mes hommes ? craché-je pour toute réponse.
    
    Un rire cristallin retentit. Son écho résonne pendant plusieurs secondes, comme si c’était une roche dure qui nous entourait, et non le tissu moelleux des tentures pourpres. Mon épée jette des rayons argentés dans toute la pièce, et je découvre à leur lumière qu’un banquet était effectivement en cours. Pourtant, pas de trace des convives, même si les assiettes, tachées de sauce et jonchées de nourriture, sont à moitié pleines encore.
    
    Soudain, je sens ...
    ... quelque chose se poser sur mon épaule. D’un mouvement vif, je me retourne, arme brandie, pour découvrir une frêle silhouette se découper, noire, sur le carré de jour de la porte. C’est en plissant les yeux que je la découvre plus à mon aise : de longs cheveux noirs tressés en une natte se fondent avec une robe sombre, composée de plusieurs voiles qui se chevauchent les uns les autres. Un visage oblong, allongé comme une amande, aux yeux impénétrables levés vers les miens, couronne cette ombre immobile.
    
    — Qui êtes-vous ? chuchoté-je en faisant un pas en arrière, ma garde toujours levée.
    
    — Je suis Circé, fille d’Hélios, répond la femme. Toi et tes hommes êtes entrés sur mon domaine.
    
    Sa voix est douce comme du miel, et comme du miel, je la sens couler à l’intérieur de mes oreilles pour se mêler à mon sang. La tête commence à me tourner ; j’imagine que c’est le parfum, omniprésent, de la pièce qui commence à émousser mes nerfs. Enfin, non ; ces derniers sont toujours aussi efficaces, et j’ai l’impression detoucher l’air autant que je le sens.
    
    — Entre, je t’en prie, reprend Circé. Continue ce que tu as commencé, fais comme chez toi.
    
    Elle lève une main accueillante et y désigne une chaise. Je sens les effets du cadeau du dieu lutter contre une lassitude soudaine qui menace de s’emparer de moi. La pointe de mon épée, mal assurée, tremble entre nos deux paires d’yeux, jusqu’à ce que je sente quelque chose grimper sur moi à la vitesse de l’éclair. Baissant les yeux, je ...
«1234...7»