La légende de Sara: le départ
Datte: 10/02/2021,
Catégories:
f,
fantastiqu,
merveilleu,
Auteur: Emeline_wz, Source: Revebebe
... tristesse que c’était tiède et donc moins bon… mais peu importe, ça ferait l’affaire ! C’était délicieux, ça fondait dans le bec et surtout… surtout, ça ne faisait pas grossir ! Est-ce qu’un pareil bonheur pourrait durer comme cela ? Non, bien sûr que non ! La fenêtre s’ouvrit brusquement, alors que le pauvre oiseau se prenait l’un des battants de plein fouet. Il fit un vol plané aérien avant de retomber sur un lit d’herbes par terre, comme un vulgaire détritus. Il aurait pu se croire mort s’il n’avait pas senti une étrange pluie s’abattre sur son plumage tout ébouriffé, avec des gouttes aussi solides que… des graines !
Catastrophé, il fit un bond pour se remettre droit sur ses pattes et pour constater le carnage : tout son bon repas était dispersé par terre, recouvert par la poussière du sol. Ce n’était plus mangeable, c’est certain… Ô rage, ô désespoir ! « Mais qui avait fait ça ? Qui avait osé commettre ce crime impardonnable ? » pensa l’oiseau, tandis qu’il sautillait en tous sens, devenu fou à cause de cette perte inimaginable. Une voix fraîche et féminine hurla sous ce beau matin… plus si beau désormais !
— Paaaaaaapeeeeeey ! Tu as fini ? J’ai faim moi ! Papey, viiiiiiiiite !
Alors c’était cette maudite femme, la tueuse de graines ? D’un coup furieux de battements d’ailes, l’oiseau rouge eut tôt fait de revenir vers la fenêtre, désormais ouverte. La jeune fille qui avait appelé son père regarda avec surprise le petit volatile qui lui jetait des piaillements ...
... furieux, sautillant d’une patte sur le rebord de la fenêtre comme un danseur ivre.
— Hey ben quoi ? lui répondit l’Aponienne. Je n’ai pas fait exprès de renverser ton repas, ’fallait manger plus vite ! D’habitude tu viens plus tôt que ça !
De plus en plus scandalisé, l’oiseau ébouriffa son plumage rouge, prit une grande inspiration et cracha un « PIOU » sonore et strident. La morale disait qu’il ne fallait pas jouer avec la nourriture… mais là c’était un véritable gâchis ! Un affront ! Un attentat même !
— D’accord, d’accord, ne monte pas sur tes grands chevaux ! Cadeau !
D’un geste de la main, elle dispersa de nouvelles graines sur le rebord en bois… seulement, ces graines étaient noires, odorantes, bien plus grosses et surtout immangeables ! Des cailloux ! La jeune fille fut de plus en plus étonnée, la tête légèrement en arrière alors qu’elle subissait l’attaque d’un minuscule oiseau qui voletait à quelques centimètres de son nez, lâchant une flopée de jurons en langage oiseau.
— T’es difficile pas vrai ?
Cherchant quelque chose à l’intérieur de la maison au lierre, elle en revint avec un minuscule sac, pas plus gros qu’un pouce et fermé avec une ficelle. L’oiseau rouge s’en empara d’une patte et s’envola sans demander son reste. Promis, juré : il ne viendrait plus prendre son petit-déjeuner chez Sara La Folle !
Sara regarda l’oiseau rouge qui s’enfuyait avec son bien, sans même un « PIOU » de remerciement. Ils étaient tous pareils, faisant la courbette ...