Nuit blanche - Histoires de Sexe

Nuit blanche

... validée par la pratique de la verge ». Les propos qu’elle m’a asséné sont vraiment du chinois, ou plutôt du japonais s’il s’agit bien d’un tatami sous mes orteils. « C’est dans le langage du pénis que la langue de bois prend tout son sens ». Un bruit de pas vient interrompre le défilement du discours de Nathalie.

— Catherine ? C’est avec toi que j’ai rendez-vous maintenant ?
— Oui, nous avons droit à quelques minutes d’intimité.
— Je ne m’attendais pas à ça.
— Tu n’es pas déçu j’espère ?
— Non, non, pas du tout. Oh, et excuse-moi je manque à tous les égards. Je vais t’aider à déposer toutes ces cordes dans ce coin.
— Merci, tu es gentil.
— Est-ce un kimono que tu portes ?
— Oui, c’est la tenue de circonstance.
— Nous allons donc passer un moment tous les deux ?
— Oui et ça me fait très plaisir d’être seule avec toi.
— Mais… Nathalie sait que tu es là ?
— Heu… Quelle drôle de question ! Bien sûr, c’est elle qui m’envoie.
— C’est que… Je… Je t’ai trouvée… Je te trouve très belle… Très désirable… Et je pensais que Nathalie…
— C’est gentil ce que tu me dis. Tu sais, je dois tout à Nathalie. Elle m’a sauvé alors que j’étais au bord du gouffre, elle m’a aidé à me reconstruire, elle m’a fait devenir adulte, femme, ouverte à la sexualité… Oui, vraiment je lui dois tout.
— Oui, c’est vraiment une femme… heu… étonnante.
— Maintenant ce que je veux c’est te montrer à quel point j’ai changé. Et puis…

La voix de Catherine se fait hésitante

— Peut-être que… nous ...

... deux…

Je réalise soudain que cette discussion, bien que tenue à voix basse, pourrait être entendue par Nathalie. Est-ce un piège ? Est-ce un test ? Je préfère éluder la dernière phrase de Catherine.

— Tu disais que tu voulais me montrer à quel point tu as changé ?
— Oui, grâce à Nathalie j’ai totalement dépassé mes inhibitions sexuelles. Des journées entières nous avons échangé des caresses. Elle m’a appris mille techniques de toucher, l’anatomie de mon corps, le pouvoir des zones érogènes, la confiance, l’abandon, le plaisir… Puis un jour elle m’a ouvert toutes grandes les portes de la plénitude : elle m’a initiée à l’art des cordes. Si les caresses avaient permis de cicatriser mes blessures, l’expérimentation du ligotage m’a transcendée. Face à ma totale réceptivité, elle m’a inculqué son amour des corps soumis, enseigné la beauté de la géométrie des liens, transmis les excitations jumelles de la perte et la prise du contrôle, révélé les plaisirs transcendés par la contention, offert la confiance en moi-même… Je l’aime.
— C’est étrange, tu te rappelles, nous nous étions également attachés une ou deux fois ?
— Oui, mais ce n’était que des jeux d’enfants en comparaison du savoir que Nathalie m’inculque.
— Catherine, c’est vraiment incroyable ce chemin que tu as parcouru. Mais n’est-ce pas d’une vie avec Nathalie dont tu rêves ?
— Tu ne comprends pas. J’aime Nathalie car elle est mon guide, qu’elle m’enseigne le plaisir des sens, qu’elle m’ouvre un chemin vers mon ...