Lydia
Datte: 02/05/2018,
Catégories:
fh,
fsodo,
portrait,
inithf,
Auteur: Jules Gratien, Source: Revebebe
... un de mes cafés de débauche, que j’ai lié connaissance avec Lydia. Je l’appelle Lydia, parce qu’en fait, je ne me souviens plus de son nom. Lydia était une petite brune, plutôt bien roulée, avec un léger strabisme, mais qui ne se remarquait pas tout de suite. Elle louchait seulement quand elle perdait ses moyens. Ou alors quand elle s’énervait un peu, ce qui ne lui arrivait pas souvent. En fait, c’est en l’embrassant dans l’ombre du petit couloir qui mène aux toilettes que je m’en suis rendu compte la première fois. Sa tête s’est penchée sur la gauche. Dans le halo pâle de la loupiote du mur, je pouvais voir l’iris de son œil droit venir glisser tout doucement. Comme aimanté par son nez.
Sinon, elle était mignonne avec ses fossettes et ses petits seins. D’emblée, elle m’appela Geoffrey, histoire de me charrier. Rapport à « La Marquise des Anges » qui passait à la télé. C’est vrai aussi qu’à cette époque je m’étais mis à fumer des petits cigares à deux francs. Je crois bien que c’était moins par goût, qu’une façon de me donner un genre.
Très vite, un après midi, je me suis retrouvé avec elle dans la chambre d’un petit hôtel situé à deux rues du café. Usés comme une pièce de monnaie passée de main en main, les rideaux raides comme du carton empestaient la fumée. L’ampoule nue qui descendait du plafond diffusait une lumière jaune sur les murs. On devait avoir pas mal siroté tous les deux, parce que je me rappelle qu’après avoir réglé les verres en sortant, il me restait ...
... tout juste de quoi payer la chambre. J’avais même dû racler le fond de mes poches pour y trouver la petite monnaie. Oui, je me rappelle. La patronne entre deux âges me regardait de travers en ramassant la ferraille. Et Lydia, qui n’avait pas pu s’empêcher de rire comme une gosse, dans ses mains.
On ne s’est pas déshabillés tout de suite. Je me suis d’abord effondré avec mes chaussures sur le lit, les yeux fermés. Je bandais assez fort, mais je me sentais trop saoul pour faire quelque chose de bien. Je me souviens seulement qu’elle me tenait la main serrée sur sa bouche. Elle m’embrassait le bout des doigts, l’un après l’autre en marmonnant des trucs que je n’ai pas compris. Et puis, plus rien, on s’est endormis.
Un peu plus tard. Aucune idée de l’heure. Lydia n’était pas du genre timide, non. Mais, dans le noir, j’imagine qu’elle devait loucher un peu tout de même. Quand, après que nous nous sommes tripotés, elle me glissa à l’oreille : « Encule-moi, mon grand. » J’étais un brin surpris. Vraiment. À l’époque, on n’enculait pas les filles comme ça. Il ne me serait pas venu à l’idée de le proposer. Je ne sais pas. Je me disais que ce serait sûrement pris comme une impolitesse. Un manque de respect. Mais bon, le truc ne me rebutait pas en fait.
A cet instant, fallait que je fasse marcher ma cervelle en accéléré, parce que je ne voulais pas passer pour un con. « Le dernier tango à Paris » Peu de gens avait vu le film, mais tous les gars en avaient parlé au comptoir. Je ...