1. Ça ira


    Datte: 29/01/2021, Catégories: amour, nonéro, Auteur: Zébulon, Source: Revebebe

    ... sa vie.
    
    *
    
    Ses parents étaient partis au village quelques heures plus tôt, en lui recommandant de rester dans sa chambre travailler ses leçons de harpe. Elle aimait cet instrument, le son cristallin qu’il produisait, le contact presque sensuel de la hampe contre son sein, le fait de devoir l’enlacer pour en jouer. Depuis quelques mois, ses rapports avec lui avaient pris une tournure nouvelle, lui procuraient un plaisir diffus qui n’était pas seulement lié au ravissement sonore et qui résonnait en une douce chaleur au fond de son ventre.
    
    Son père serait sûrement mécontent de la trouver au salon, alanguie devant l’âtre plutôt que de perfectionner sa technique instrumentale. Elle préféra regagner prestement sa chambre pour s’épargner le courroux parental.
    
    *
    
    Patrick gravit les marches du perron. Il s’arrêta quelques instants. Il touchait à son but, il arrivait à l’ultime étape de sa quête du Graal. L’estomac noué par l’émotion, il poussa la porte d’entrée. Le hall était immense, presque disproportionné par rapport aux dimensions de la maison. Un escalier de marbre de taille imposante s’offrait à l’admiration du visiteur. Il vit là la volonté d’un propriétaire autrefois riche d’étaler sa réussite aux yeux de tous.
    
    Une porte s’ouvrait à droite, une autre à gauche, une dernière au fond. Où aller ? Il choisit la porte de gauche. Le salon, vide. Il tourna les talons, traversa le hall, et entra dans ce qui s’avéra être la bibliothèque. Vide également. Il regagna le ...
    ... hall.
    
    Il se planta devant l’escalier, brandit le cadeau devant lui et s’entendit dire, presque malgré lui, mû par l’émotion d’être arrivé jusque-là :
    
    — Anne, je suis là, je suis venu, je t’ai trouvée, enfin ! J’ai un cadeau pour toi !
    
    *
    
    Anne tendit l’oreille. Il lui avait semblé entendre une voix, en bas. Le manoir était trop vaste, les couloirs trop longs, les murs trop épais, elle n’avait pas réussi à comprendre les mots. Mais la voix, si c’en était une, ne ressemblait pas à celle de son père. Pourtant la tonalité était masculine, elle en aurait juré. Quel homme autre que son père pouvait bien parler, et de plus si fort qu’on l’entendait de l’étage ?
    
    Elle sortit de sa chambre, parcourut le long couloir et se présenta en haut de l’escalier. Elle vit un homme qu’elle ne connaissait pas tendre vers elle un objet recouvert d’un drap.
    
    *
    
    Patrick fit voler l’étoffe qui servait d’emballage.
    
    — Regarde Anne, c’est pour toi, c’est à toi !
    
    *
    
    Anne sentit ses jambes se dérober sous elle en découvrant ce qui n’était plus caché. Son cœur lui parut exploser en milliers de fragments qui vinrent troubler sa vue et brouiller son esprit. Les paroles que prononça l’homme lui parvinrent difficilement à travers le vacarme du battement du sang dans ses tempes.
    
    — Le roi a été guillotiné ce matin ! C’est la fin des aristocrates ! Regarde, pucelle, regarde ma pique, c’est le sort qui t’est promis, à toi aussi !
    
    *
    
    Patrick baissa les bras. Il retourna dans le salon. ...