...d'Api, d'Api rouge...
Datte: 22/01/2021,
Catégories:
fh,
historique,
policier,
Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe
... Comte n’avait point souffert des terribles et ignominieuses ablations qui lui ont été infligées pour la bonne raison que ces actes barbares ont été pratiqués post-mortem. Et certainement au moins une heure après son trépas.
Le moine s’interrompt à cet instant pour juger de l’effet de sa déclaration. Si Dame Kirsten et le jeune Comte restent impassibles mais visiblement circonspects, Braunstein, lui, explose :
— Fariboles ! Votre moine serait-il capable de pénétrer l’âme et l’esprit d’un mort et…
— Permettez Messire Prévôt, le coupe Augustus, cette certitude repose sur plusieurs constats. Vous serez d’accord avec moi pour convenir que les blessures portées sont des plus graves et des plus douloureuses qui soient et à elles seules, elles expliqueraient la mort du Comte. Pourtant, et vous l’aurez observé vous-même ce matin Messire, fort peu de sang a été répandu autour de ces blessures. Le drap a été certes maculé de sang, mais de loin pas comme il aurait dû en être en ces circonstances. Messire Ulrich ne s’est pas vidé de son sang, pour la bonne raison que son âme avait quitté son corps depuis un bon moment au moment des outrages.
— D’autres blessures ont-elles alors été découvertes pour expliquer son trépas ? demande hargneusement le Prévôt.
— Que nenni, aucune, répond tranquillement le moine qui enchaîne promptement pour éviter une nouvelle intervention de Braunstein. Laissez-moi vous expliquer. Messire Ulrich était bâillonné, bouche ouverte. Le bâillon était ...
... serré si fort qu’il a laissé des traces de meurtrissures aux commissures des lèvres. Lorsque Frère Anselmo a enlevé ce bâillon, il a fait une découverte surprenante : au fond de la bouche, le meurtrier avait préalablement placé une petite pomme, laquelle, poussée par le bâillon, est allée se bloquer dans la gorge, empêchant le Comte de respirer. Messire le Comte Ulrich est mort d’étouffement ! Permettez-moi une remarque annexe, ajoute le moine en direction du Prévôt, vu la saison, cette pomme n’est pas unaccessoire anodin, que l’assassin avait aisément sous la main ! Personne ne conserve aujourd’hui encore de tels fruits, qui plus est en si bel état de conservation ! Il y a beau temps que nous-mêmes au Prieuré, n’avons plus de ces fruits de la saison passée. Trouver l’origine de ces pommes, c’est découvrir la piste de l’assassin…
Braunstein est bien aise de comprendre enfin cette fameuse histoire de pomme mais n’est pas convaincu par le raisonnement. Éludant l’origine du fruit, il en revient à l’hypothèse de l’étouffement :
— Cette théorie d’étouffement est plausible certes, et charitable, mais on peut aussi imaginer que le Comte ait plus ou moins avalé cette pomme sous le coup de la douleur brutale des sévices qu’il a subis !
— Je n’imagine rien Prévôt, rétorque le moine en reprenant la formulation de Braunstein, je prouve ! Comme je l’ai déjà dit, primo, fort peu de sang a été répandu au moment de l’ablation des organes. Secundo, Frère Anselmo a constaté de nombreuses ...