1. ...d'Api, d'Api rouge...


    Datte: 22/01/2021, Catégories: fh, historique, policier, Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe

    ... rang, mais en levant les impôts pour son maître, le bonhomme n’a certes pas oublié de prélever une soulte confortable. Alors soit, il ne sera jamais chevalier, mais il est riche désormais, beaucoup plus riche qu’il ne le montre et que d’aucuns se doutent ! Il ne manque plus désormais qu’un habile mariage pour conforter définitivement sa position.
    
    Sa soif de reconnaissance et son arrivisme forcené l’entraînent à échafauder les plus invraisemblables plans, et à ce titre, la mort du Comte lui ouvre de nouveaux horizons : tant que l’Empereur n’aura pas confirmé l’héritier dans son titre, ce qui pourrait prendre deux à trois ans, c’est la veuve qui exercera le douaire ; bien des choses peuvent arriver dans ce temps, surtout s’il joue un double jeu gagnant. Gagnant pour lui, bien entendu ! Qu’il pousse la marâtre à s’élever contre l’héritier, et celui-ci n’aura de cesse de la pousser en disgrâce dès qu’il tiendra les rênes du pouvoir. Et quel exil plus humiliant pour elle que de se retrouver reléguée au rang d’épouse de Prévôt ! La farce sans doute plaira au nouveau Maître, et peu importe que la donzelle soit un cul gelé, pourvu qu’elle soit bonne pondeuse !
    
    Braunstein table sur le froid qui s’est visiblement installé entre le jeune homme et Dame Kirsten. Très proches après le retour du « Petit Comte » au château, leurs relations se sont visiblement détériorées après la fameuse nuit où le père a obligé son fils à demeurer près de la Dame :
    
    — Sans doute, le godelureau ...
    ... n’a-t-il pas obtenu ce qu’il espérait et en garde-t-il rancœur ! Voilà bonne affaire pour mes plans ! se réjouit le Prévôt.
    
    Tout absorbé qu’il est à échafauder ses plans, l’homme n’entend pas la porte de la chambre du Comte s’ouvrir et sursaute lorsque le Père Augustus l’invite à entrer. Dans la pièce, Dame Kirsten et l’orphelin sont assis face au lit mortuaire. Braunstein note que le Comte a été revêtu de ses plus beaux atours et présente bien meilleure figure qu’au petit matin. Sa Seigneurie semble dormir paisiblement.
    
    — Gente Dame, Messires, lance un peu cérémonieusement le moine pour capter l’attention de son auditoire, ainsi qu’il l’a été demandé, nous enquêtons depuis l’aube, Messire Braunstein et moi-même. Il est bien trop tôt malheureusement pour désigner un coupable. Mais permettez-moi de vous rassurer tout d’abord. Nous sommes en effet en position d’affirmer que Messire Ulrich n’a point souffert des terribles blessures qui lui ont été infligées.
    
    La remarque surprend pour le moins les trois personnes présentes qui, avec un bel ensemble, haussent les sourcils.
    
    — Ce ne sont point là simples paroles d’apaisement ou circonvolutions polies, mais un fait établi avec certitude par Frère Anselmo. J’ai en effet demandé à notre frère médecin d’examiner la dépouille de Sa Seigneurie. Frère Anselmo de Borgo, médecin de la Faculté de Bologne où il a enseigné de nombreuses années avant de rejoindre notre Prieuré fait autorité en terme de médecine. Il m’a affirmé que le ...
«12...567...11»