...d'Api, d'Api rouge...
Datte: 22/01/2021,
Catégories:
fh,
historique,
policier,
Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe
... il se doit ! Je vous charge donc d’escorter la Dame en ses appartements.
Hilare, il avait ajouté en détachant bien ses mots :
— Apaisez-la! De… toutes… manières… qu’il… lui… siéra ! D’ici… et jusqu’au point du jour ! C’est un ordre ! Ce ne sera pas trop de temps pour la dégeler !
La bonne farce avait fait crouler de rire les invités du banquet, mais les deux tourtereaux, eux, l’avaient prise à la lettre. Puisqu’on les y invitait si obligeamment…
S’en suivit une nuit où la jeune Comtesse découvrit tendresse, romance, désir, sensualité et extase. Une nuit, et puis d’autres, toujours plus sensuelles, où l’interdit et le danger pimentaient les plus improbables débordements que leurs cœurs épanouis et leurs violents désirs inventaient pour combler leur insatiable appétit de jouissance et de communion.
Un haut-le-cœur secoue la Comtesse. La sensation de nausée est si forte qu’elle ouvre brutalement les yeux. Aussitôt, affolée, elle s’adresse des milliers de reproches, s’invective intérieurement : quel monstre est-elle pour rêver à l’instant de ces turpitudes insensées, alors qu’elle est là, assise, seule, exactement en face du gisant de son époux, torturé, assassiné ! Qui est-elle pour se laisser transporter par ces scandaleux souvenirs alors que son mari n’est même pas encore froid !
La Comtesse Kirsten von Heiligenstein ne se morigène pas bien longtemps. Trop de rancœurs, trop de haine accumulées ne permettent pas de garder sens commun ! La jeune femme ne peut ...
... pas davantage empêcher son cœur de bondir d’allégresse à la délivrance et aux espoirs qu’ouvre la mort du Comte, qu’elle n’a pu, quelques instants plus tôt, interdire à son corps de déclencher de chaudes sensations entre ses cuisses au souvenir des tendres événements de la nuit passée.
En toute franchise, elle n’arrive pas à regretter quoi que ce soit !"Et mon confesseur devra bien s’accommoder de tout cela ! ". La vision du cadavre l’écœure, et Dame Kirsten, cynique et consciente, sait déjà qu’elle ne sera pas la dernière à sourire aux plaisanteries, ô combien déplacées, qui ne manqueront pas de courir d’ici peu, au sujet des mutilations horribles infligées au Comte. Tout cela lui vaudra l’enfer ? Qu’importe… L’enfer, elle connaît, elle l’a vécu ici depuis quatre ans. Elle veut maintenant sa part de Paradis. Un paradis qu’il ne sera pas facile d’atteindre cependant, elle le sait,"mais on en trouvera bien la clé, d’une manière ou d’une autre ! "
oooOOOooo
— J’ai déjà fait vérifier ce point par mes moinillons : il n’y a céans, aucune pomme en ce château. Ni dans les cuisines, ni dans les réserves et greniers, pas même dans les auges des porcs ou les mangeoires de chevaux.
Malgré sa forte corpulence, le Père Augustus marche d’un pas sec et rapide dans les sombres couloirs du château. De sa main droite, il fait tourner comme une fronde les extrémités de sa cordelière. Ses socques à semelle de bois claquent sur le grès et sa robe de bure froufroute comme les jupons ...