1. ...d'Api, d'Api rouge...


    Datte: 22/01/2021, Catégories: fh, historique, policier, Auteur: Claude Pessac, Source: Revebebe

    ... d’une donzelle au bal. Derrière lui, le Prévôt suit avec peine, alourdi qu’il est par son épée et ses cottes de mailles. Essoufflé à force de gravir des escaliers tortueux, l’homme est visiblement agacé par le comportement du moine.
    
    — Mais enfin, m’expliquerez-vous ce qu’est là cette histoire de pommes ?
    
    Sans ralentir, l’Abbé temporise :
    
    — Vous l’allez savoir tantôt. Mais… trouvez la pomme, et vous aurez pour le moins la trace de l’assassin !
    
    Foutrequeue, pense le Prévôt,le Bon Père aurait-il abusé du vin de messe dès Matines sonnantes ? D’ailleurs qu’énonce-t-il ? L’assassin ? Imagine-t-il qu’un homme seul aurait pu y suffire pour occire le Comte ? Et pourquoi pas une gueuse, tant qu’à faire ! Braunstein, Prévôt de son état, est irrité par les manèges du religieux qui marche sur ses plates-bandes.
    
    Si lui-même s’était trouvé au château ce matin, au moment de la sinistre découverte, le fils du Comte n’aurait pas eu à faire appel au Révérend Père, la conduite des recherches lui aurait naturellement échu, sans discussion. Au lieu de cela, il se voit contraint désormais de suivre le moine et d’observer. Il enrage du temps perdu, des vaines explorations. Et pourquoi donc insupporter les nobles occupants du château alors que le coupable s’est clairement désigné ? Perdu dans ses sombres pensées, Braunstein ne réalise pas que le moine a brusquement obliqué dans un couloir de traverse. Il revient sur ce pas, tourne l’angle et bute contre la panse du moine qui s’est ...
    ... retourné pour l’attendre.
    
    — Mille excuses Mon Père, bredouille-t-il, agacé.
    — Laissez donc, je vois bien vos tracas. Et si nous devisions de notre affaire avant d’en faire rapport à la veuve et à l’héritier.
    
    Notre affaire ! Voilà bien étrange façon de parler de ce crime !Rapport ! Qu’a-t-il donc à dire sur cet assassinat, ce bedonnant prétentieux qui n’a pas mis les pieds hors des murs, pas même tenté de faire saisir l’assassin et ses complices, se contentant de poser les mêmes questions obtuses aux serviteurs et aux nobles hôtes des lieux ! Qu’aurait-il donc à dire lui qui n’a rien trouvé mieux que de faire fouiller le logis, des caves aux greniers, pour trouver des pommes !
    
    — Mon Père, il suffit ! Continuez à chercher vos pommes, je vous laisse et m’en vais battre la campagne aux trousses du serf Erwann et de ses complices !
    — Tout doux mon ami, un instant ! Vous semblez bien sûr de votre fait. Qu’est-ce donc qui nourrit ainsi vos certitudes, demande doucement le religieux.
    
    Reculant d’un pas, Braunstein toise son compagnon et explique avec hargne :
    
    — Mais tout le monde le sait ! Le serf Erwann était fou de douleur et criait vengeance après la mort de sa fille. Ce maraud clamait à tout va que Sa Seigneurie en était le coupable. Je ne sais pas encore comment il s’y est pris pour accomplir son forfait, qui précisément l’a aidé, mais je saurai bien lui délier la langue !
    — Vous l’avez fait quérir me semble-t-il…
    — Et l’homme a disparu, itou pour sa femme et son ...
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