L'ouvre-lettres - Histoires de Sexe

L'ouvre-lettres

... fichtrement rien. Mais ça l’excitait, tant de détachement.

— J’aime ça, dit-il simplement.
— J’ai cru comprendre. C’est pour ça que je ne cherche que des vieux, maintenant.

Elle n’y allait pas par quatre chemins, mais Didier ne prit pas ça pour une critique. Après tout, c’était cette qualité qui lui permettait d’être là, aujourd’hui, face à l’une des plus belles paires de nibards de la ville.

— Enfin, sans vouloir te vexer, se reprit-elle. Mais il faut appeler un chat un chat.
— Tu as raison. Mais d’où te vient cette attirance pour les vieux ? Tu vas quand même pas me faire croire que c’est juste une question de cunni ?
— Non, bien sûr, que non. Je n’aime pas les gars de mon âge. Et les pères de famille, ça me dégoûte.
— Je suis père de famille.
— Oui, mais tu ne vis plus avec eux. C’est pas pareil. C’est plus des gamins. Je me suis déjà fait draguer par des bons pères de famille. Ça m’écœure de savoir qu’ils sont prêts à foutre en l’air la vie de leurs gamins pour un plan cul.
— Et tu n’as pas peur de foutre en l’air mon couple ?
— J’ai pas envie de me caser pour le moment. J’ai juste envie de m’amuser un peu. C’est tellement ennuyeux, ici…

Le serveur interrompit brutalement leur conversation si bien qu’ils passèrent provisoirement à un autre sujet, sur la vie à Orléans, les bons coins, les régions qu’il avait parcourues tout au long de sa carrière. De là, ils en vinrent à parler de petites anecdotes dans son boulot, qui se firent de plus en plus ...

... croustillantes.

— Et elle savait ? Que vous la voyiez ?
— Bien entendu. On l’appelait la « sans-culotte » parfois, comme ça, au détour d’un couloir et ça la faisait rire.
— Ça devait terriblement vous exciter ! Et tu es sûr que personne n’a jamais conclu avec elle ?
— On ne peut jamais être certain. Mais moi, j’y mettrais ma main à couper. Elle était très amoureuse de son mari. Savoir qu’elle nous faisait bander, ça lui suffisait. Je crois que son mari était vaguement au courant, voire que ça l’excitait.
— C’est vrai que c’est excitant ! Parfois, je m’amusais à ne pas mettre de culotte moi aussi au lycée. Personne ne l’a jamais remarqué, je crois bien, mais moi ça m’excitait comme pas possible ! Quand je rentrais, le soir, il fallait vite que je me soulage.
— Et tu ne le fais plus ? Dommage !
— Non, ici, laisse tomber. Ce lycée est un vrai bahut de cul-serré. Enfin, c’est l’image qu’ils se donnent tous. Parce qu’on sait tous, nous, ce qui se passe dans les chiottes avec les terminales… Il y a des gars dans ma classe qui se vantent de s’être fait tirer une pipe par deux ou trois lycéennes. Trop facile pour eux. Ils ont le prestige. Les filles tombent comme des mouches.
— Et toi ? Ça ne t’intéresse pas ?
— Ah non ! Sûrement pas ! Ça coûte assez cher, ce BTS, pas envie de me faire exclure pour une histoire de cul avec des gamins.
— Alors tu te rabats sur les vieux…
— C’est un peu ça.

Elle sourit affectueusement. Une affection qui trahissait sa pleine conscience de l’écart ...