L'ouvre-lettres - Histoires de Sexe

L'ouvre-lettres

... Cristina. Je vais encore avoir le droit à une séance de psychologie de comptoir.

Curieusement, Laurence avait accueilli à bras ouverts sa nouvelle compagne. Faut dire que Thérèse, l’ancienne, n’était pas vraiment sa meilleure amie. Mais c’était surtout une sorte de pitié maternelle. Cristina savait en abuser pour se faire accepter – c’était si rare qu’on accepte de lui parler dans l’entourage de Didier ! Mais elle n’était pas dupe : dès la première rencontre, elle avait taillé un costard trois-pièces à l’hypocrite sitôt entrée dans la voiture : « Mais quelle conne, celle-là ! Elle se prend pour ma mère ou quoi ? »

Alors, non, il n’irait pas. Et comme il était hors de question que Francis l’imagine seul et cocu tout seul dans son coin, il était temps de le lui dire…

— Et puis j’ai un rancard.
— Un rancard ? répéta son ami de l’autre côté de la cloison, riant déjà. Le genre avec des seins ?
— Ouaip.

Il y eut un silence estomaqué. Puis une exclamation :

— Tu déconnes !
— Non.
— Comment ça non ? Tu te tapes une petite bombe de vingt-deux ans….
— Vingt-quatre.
— Ouais, vingt-quatre… Bref, chaude comme la braise en plus ! Et tu me dis que tu vas t’envoyer en l’air en son absence ?
— Bah, ça, c’est déjà fait. La semaine dernière. Là, on va juste remettre le couvert.

Francis émit un son entre le rire et la stupéfaction.

— Putain, Didier, tu me mènes en bateau !
— Bah, crois-le. Je suis du genre à me vanter ?

Là, il avait touché juste. C’était la ...

... stricte vérité : c’était pas du tout son style de fanfaronner, et son pote le savait. Comme il sortait enfin de la douche, Francis se tut un moment. Mais lorsqu’il le rejoignit pour se rhabiller, il revint à la charge.

— Cristina est au courant ? Vous vous faites un trip libertin ? Elle fait ce qu’elle veut de son côté et toi aussi, un truc comme ça ?
— Ça va pas ou quoi ? Non, c’est arrivé comme ça.
— Comment ça « comme ça » ?
— Comme ça. Je me suis fait draguer. Elle m’a rendu fou. On a baisé.
— Mais… c’est sérieux ?
— Et puis quoi encore ? Je viens de sortir d’un divorce et je devrais encore m’en taper un ? Non merci.
— Mais tu lui as dit à cette gonzesse que t’étais marié ?
— Oui, paraît même que c’est ça qui l’excite.
— Merde, Didier, tu joues avec le feu là… Si Cristina l’apprend…
— Bah, Cristina, je suis sûr que ça la ferait marrer.
— Pourquoi ? Vous en avez déjà parlé ?
— Non.
— Alors comment tu le sais ?
— Je sais pas, je suppose. C’est comme elle est, je pourrais pas te dire. Elle a jamais été du genre jalouse.
— Ouais, mais là, quand même, elle n’est pas au courant.

Francis s’était fait plus grave. Il changeait son rôle, comme souvent quand il le fallait : de camarade de chambrée, il se faisait confident. C’est rare, les potes comme ça.

Didier haussa les épaules.

— Toutes les manières, je l’ai pas cherchée.
— Mouais…
— Non, je te jure. Elle m’est tombée dessus, comme ça, j’ai rien compris.
— Où ça ?
— À la piscine. Celle où je vais tous les ...