1. Les cordes


    Datte: 16/01/2021, Catégories: bizarre, Voyeur / Exhib / Nudisme noculotte, nopéné, jeu, attache, BDSM / Fétichisme Auteur: Martin, Source: Revebebe

    ... relation avec mon bourreau. Il me fallait trouver un autre moyen pour arriver à la jouissance.
    
    Le problème est que, de nos jours, il nous est quasiment devenu interdit de nous blesser, de souffrir, tant mentalement que physiquement. Que nous le voulions ou non, tout est mis en œuvre pour nous surprotéger de tout : médecine, sécurité sociale, sécurité routière… Moi, je voulais me défaire du carcan antidouleur physique : il trompait mon corps et l’empêchait de vivre des sensations restées inexplorées. Je me disais que sous la contrainte, le corps et les émotions ne pouvaient pas tricher. Je me suis donc intéressée au Shibari, l’art des cordes, que j’avais découvert par hasard sur Internet d’abord, et par la suite lors d’un workshop de deux jours dans ma ville.
    
    Grâce à cet atelier, j’ai pu réaliser que les cordes, douloureuses ou non, permettent de reconnecter avec son propre corps, d’atteindre un certain bien-être. J’ai aussi appris les dangers de cet art s’il est mal pratiqué. Je me suis donc adressé directement à un Maître reconnu internationalement. Depuis vingt ans, il donnait des ateliers et des spectacles dans le monde entier, dans lesquels il dispensait son immense savoir-faire dans l’art des cordes.
    
    D’origine japonaise, cet homme, la cinquantaine, au crâne rasé de près, dégageait une impression de puissance, de force tranquille. Il était toujours le torse nu et portait une sorte de jupe noire traditionnelle. J’aimais surtout sa voix : lente, profonde et ...
    ... rassurante.
    
    J’appréciais aussi sa façon rythmée, rapide et brusque de saisir les cordes et les membres de ses modèles. Grâce à lui, je me suis approchée de la limite qui me sépare de l’autre, au point d’imaginer parfois la franchir. Le Maître et moi avons rapidement noué des liens solides de confiance réciproque et même une certaine connivence. Il m’a tout logiquement priée d’être son modèle au Salon de l’Érotisme d’Amsterdam, un mois plus tard.
    
    Il n’a pas eu à insister.
    
    Et me voilà ce soir devant un public nombreux, en extase, guettant mes moindres signes de souffrance ou de jouissance. Maintenue ligotée, entièrement nue. Les cordes qui m’enserrent les bras, la taille et la poitrine me font tressaillir à chaque respiration.
    
    Le Maître me parle sans cesse à voix basse, me décrit ce qu’il fait, jamais ce qu’il a fait ou ce qu’il va faire, car seul le présent compte. Il dépeint ce qu’il ressent. Il veut connaître mon propre ressenti. Ça le rassure, me confie-t-il. Ça me rassure aussi… mais les mots sont difficiles à trouver.
    
    Je remarque cependant que l’humeur du Maître change petit à petit, il se glisse dans un rôle dominant et prend lentement le contrôle de mon corps. Je trouve ça terriblement excitant. Je ne vois pas ce qui se passe derrière moi, mais je sens que les cordes se resserrent. C’est oppressant.
    
    Bien que je ne puisse rien bouger, si ce n’est mes orteils, j’apprécie toujours la conversation. Quand on est noué lentement, on peut lentement se rendre à la ...
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