Le transfert - Histoires de Sexe

Le transfert

... avez ma parole qu’il n’y aura aucun incident.

Sentait-il comme sa voix tremblait ? Bien sûr ! Il ne pouvait pas ne pas le sentir.

— Vous allez également me retrouver Anita Chow Yuan. Cela fait dix ans qu’elle nous échappe. Je la veux.
— Oui, Monsieur.

C’était une mission impossible. Harris le savait. Cette femme était un fantôme.

— Notre jour de gloire se rapproche, Harris. Dans douze ans…
— Oui, Monsieur.
— Je ne veux aucun souci. Aucun, suis-je clair ?
— Très clair, Monsieur.
— Vous pouvez disposer.
— Merci, Monsieur.

Mickey ouvrit la porte et sortit dans le couloir. Lorsque la porte se referma derrière lui, il se rendit compte qu’il avait mouillé son froc.

— Putain…

* * * * *

— Conformément à la loi, m’informa la flic, cet interrogatoire va être filmé.

Je ne répondis pas, me contentant de fixer la table où étaient posés les dossiers. Herbert était assis en face de moi. Il me regardait comme si j’étais le Saint-Graal. La jeune flic, prénommée Charlotte, me demanda :

— Vous vous appelez bien Benjamin Bollard ?
— Oui.
— Quel âge avez-vous ?
— J’ai oublié.

Elle continua, imperturbable.

— Avez-vous tué quelqu’un ce matin ?
— Non. Pasquelqu’un maisquelque chose.
— Quoi donc ?
— Un vampire. Une femme vampire, fis-je.

Sacrée méthode d’interrogatoire.

— Connaissez-vous une femme nommée Amel Zyriane ?

Entendre ce nom me fit tout drôle.

— Oui.
— Qui est-ce, pour vous ?
— C’est la sœur de ma femme.
— Qui est votre femme ...

... ?
— Elle est morte. Et vous le savez !
— Son nom ?
— Nouria Zyriane.
— Quand est-elle morte ?
— Il y a neuf ans.
— C’est vous qui l’avez tuée ?
— Non. Enfin, si, en quelque sorte. Tout cela est arrivé à cause de moi.
— Vous avez dit que ce matin, vous avez tué quelque chose.
— Mais c’est quoi cet interrogatoire sans queue ni tête ? demandai-je, exaspéré.
— Pourquoi êtes-vous interné, monsieur Bollard ?

Herbert me fixait toujours sans intervenir. Je crois qu’ils voulaient me faire craquer.

— Parce que j’ai dit la vérité.
— Quelle vérité ?

À bout de nerfs, je ne répondis pas et fixai le flic :

— Écoutez, ça va durer longtemps, ce cirque ? Je ne vois pas ou vous voulez en venir.

Je fixai la caméra.

— Je n’ai tué que mon médecin. Je suis innocent autrement.

Je haussai les épaules.

— De toutes façons, je sais bien que vous ne me croirez jamais. Mais à mon avis, cette affaire ne va pas en rester là. Vous croirez à mon histoire lorsque les vampires débarqueront. Je n’ai rien à dire de plus.

Charlotte jeta un œil à son collègue. Herbert se pencha et coupa l’enregistrement.

— Si vous étiez à notre place, Ben, que penseriez-vous ?
— Je ne le suis pas, hélas. J’aimerais vous demander quelque chose.
— Quoi ?
— Je vais sûrement retourner à l’asile ou en taule, j’en sais rien. Et pour être franc, je m’en moque totalement. Mais avant d’y retourner, j’aimerais aller sur la tombe de Nouria.

Les deux flics restèrent muets.

— S’il vous plaît. ...