Le transfert - Histoires de Sexe

Le transfert

... Qu’est-ce qui s’est passé ici ? finit-il par me demander.

Je baissai les yeux sur le tas de cendres.

— L’une d’entre eux est venue me voir, ce matin. Je ne sais pas pourquoi. Je l’ai tuée.

Herbert regarda le sol. Son regard n’exprimait rien.

— C’est quoi, ça ? demanda-t-il en pointant un doigt sur les restes de la vampire.
— Ce qui reste d’elle.

Il s’approcha de moi. Je voulus reculer mais le lit me stoppa.

— Allez-y, dis-je. Frappez, si ça peut vous soulager. Mais ça ne ramènera pas votre ami.
— Épargne-moi ces conneries moralistes ! cria-t-il soudain, faisant sursauter la jeune flic. Je t’interdis de parler de Jacques.
— Il est mort en héros.

Je vis les poings de l’homme se serrer. La flic fit un pas.

— Je vais lui passer les menottes.
— Tu n’as pas eu à affronter le visage de sa femme, lorsque je lui ai annoncé sa mort.
— Et vous, vous n’avez pas à affronter votre conscience chaque minute qui passe, fis-je. Vous n’avez pas vu votre femme brûler vive.

Il ne répondit pas. La jeune femme sortit ses menottes et s’avança vers moi.

— Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. Vous avez le droit à un avocat ; si toutefois vous n’en avez pas les moyens, il vous en sera commis un d’office.
— Vous avez la voix qui tremble, lui fis-je remarquer.

Elle s’arrêta net.

— C’est tous ces cadavres qui vous font peur ?

Herbert me dévisagea.

— Bollard, ça suffit. On vous emmène au poste.

Ce ...

... fut avec des gestes tremblants que la flic me mit les mains dans le dos pour me passer les menottes.

— Je peux au moins prendre des vêtements décents ? demandai-je.

Je n’avais sur moi que le pyjama fourni par l’établissement. Ils ne me répondirent pas. J’entendis des portes s’ouvrirent et des voix d’hommes résonnèrent dans les couloirs.

— On est là ! leur cria Charlotte.

Je sentais le poids du regard d’Herbert sur moi.

— Je sais que vous me croyez coupable, lui dis-je, mais je vous jure que je n’ai pas tué votre ami. Il est mort en voulant nous aider.
— Avancez.

En quelques minutes, la police avait investi les lieux. Des flics, partout, en uniforme ou en civil. Le hall de l’établissement était littéralement envahi. Herbert et sa coéquipière me firent traverser le hall. Je vis dehors, quelques personnes avec des appareils photos. Les journalistes étaient déjà là ?

— Allez, me pressa-t-il.

Lorsque je sortis dehors, je reçus l’air frais de la matinée en plein visage, comme un cadeau du ciel. Je sentis mes jambes se dérober ; je n’avais pas mis les pieds dehors depuis si longtemps !

— S’il vous plaît, demandai-je, juste une minute, s’il vous plaît…

Herbert me fixa et fit halte.

— Merci.

Je regardai autour de moi, inspirant profondément. Le parking de la psychiatrie, que je n’avais vu qu’en partie depuis la fenêtre de ma chambre. C’était étrange, d’être dehors, cela me faisait presque peur. Les deux policiers me conduisirent jusqu’à une voiture ...