1. Si le soleil ne revenait pas


    Datte: 27/12/2020, Catégories: médical, humilié(e), cérébral, portrait, initiatiq, Auteur: Harry Hansen, Source: Revebebe

    ... coup en apprenant que je me remettais d’une leucémie. La seconde, impatiente, n’avait qu’un objectif, être queutée incontinent. Une autre, amatrice de messieurs du troisième âge, crut opportun de jouer à la soignante et me quitta non sans avoir ponctionné mon portefeuille. Le ballet érotique d’une tahitienne sensuelle parvint à faire lever ma biquette, un palier qui, cependant, n’eut pas raison de mon cafard. Pis, j’étais possédé par la hantise de ce corps qui refusait de servir, de mon instrument de combat, mon pénis, détrôné. La perte de l’activité sexuelle m’emmurait dans une catacombe et attestait de la chute de l’homme.
    
    Que ne suivais-je d’autres pistes pour combattre un tel effondrement ? Une consultation d’un sexologue ? Quel savoir pouvait-il avoir des conséquences sur la libido d’une chimiothérapie ? Jadis la lecture des ouvrages de Master et Johnson, de Hite et autres, me parut fort indigeste. Donc, non au déroulement de statistiques, de probabilités, de facteurs de risque, à l’accroissement de mon inquiétude. Je réussis à me persuader que mon impuissance sexuelle ne correspondait pas ou plus à une inaptitude physique globale, que j’avais à passer outre à mon infirmité et que, dans la vie, il n’y avait pas de hasard, que des rendez-vous. Je repris le chemin de mon club de tennis ; j’y fus le bienvenu car je m’offrais à initier des marmots au B.A.-BA du tennis. À nouveau j’étais utile et apprécié par d’autres avec qui j’échangeais des balles, notamment ...
    ... d’accortes demoiselles. Me reposant sur la terrasse je fus hélé par un :
    
    — Ah, vous voilà Monsieur Rémy, et bien vivant ! J’en suis toute réconfortée. En changeant de service, j’avais perdu votre trace.
    
    Qui donc s’adressait à moi de la sorte ? Je vis une silhouette un peu typée qui, sans rien avoir d’une étrangère, ne m’était pas familière.
    
    — Je suis Muriel, votre infirmière lorsque vous étiez isolé en chambre stérile. Vous m’impressionniez en paraissant parti dans l’autre monde, jamais une plainte, invariablement accommodant, juste un clignement des yeux en réponse à nos questions. Impossible de vous oublier ! Oh, je ne vous flatte pas, je laisse parler mon cœur. Racontez-moi votre odyssée depuis votre sortie de l’hôpital Pompidou.
    
    Stupéfait de cette rencontre, je restai muet.
    
    — Pardonnez-moi, cela vous est pénible. Mais puis-je vous inviter à me suivre sur un court ? Sachez toutefois que je suis encore une piètre joueuse. Vous voulez bien ?
    
    Nos jeux s’accordèrent parfaitement.
    
    — Nous reverrons-nous ? Dites-moi oui !
    
    Elle m’imposa quelque patience. En sa compagnie, je faisais peau neuve, comportement que Muriel résuma en « un mec qui ne me drague pas et me prend pour ce que je suis. »
    
    — Finie ma vie de patachon. Venant de l’Outre-mer, en débarquant à Paris, je connus les débordements de l’adolescence. Collée aux examens de première année de médecine, je ne m’interdisais plus aucune curiosité et me promenais librement pour comprendre le monde. Mon éducation ...
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