1. À nos corps défendants


    Datte: 27/12/2020, Catégories: fh, complexe, pénétratio, Humour Auteur: Alphecar, Source: Revebebe

    ... derniers outrages, puisque je n’ai même pas fait mine de lui toucher la main et que je n’ai pas eu à lutter contre d’irrépressibles pulsions pour bien me tenir.
    
    — Non, je préférerais que tu viennes.
    
    Je commence à ce stade à sentir une légère migraine me picoter les tempes. La cohérence est une qualité que je sais reconnaître et que j’apprécie.
    
    — … Que je vienne, mais pas chez toi, si je comprends bien. Ok. Mais où ?
    — Je ne sais pas. Disons… Sur le parking de Conforama, c’est pas loin de chez moi.
    
    Je me retiens de faire une remarque sur le romantisme de la proposition, jugeant qu’il est un peu tôt pour faire étalage de mes dispositions caustiques, et j’acquiesce. Nous nous donnons rendez-vous pour une heure plus tard, soit à 20 h 30.
    
    *****
    
    À cette heure-ci, le parking est désert et l’ambiance de cette soirée d’hiver est plutôt sinistre. Isabelle est dans ma voiture, à mes côtés, et nous sommes tous les deux songeurs. Elle est d’humeur moins loquace que l’autre fois. Moi, je suis exactement de la même humeur, c’est-à-dire peu loquace. Je suis en train de me demander (sans crainte, juste avec une pointe de curiosité) comment vont bien pouvoir tourner les événements car, bon sang, si je devais faire un pronostic et parier toute ma fortune (c’est-à-dire mon unique costume Armani) dessus, je serais bien en peine de choisir : est-ce que nous nous embrasserons ce soir ou bien est-ce que nous nous quitterons sans aucun autre attouchement que la bonne vieille ...
    ... double bise sur la joue asexuée qu’on s’est faite au début de chacune de nos rencontres (et même pas à l’issue, d’ailleurs) ?
    
    Isabelle a déployé tellement d’efforts pour m’expliquer pourquoi elle ne me fait pas rentrer chez elle, alors que je n’ai même énoncé aucun regret qu’elle ne m’y invite pas, que je commence à me demander si elle ne voudrait pas, par hasard, que j’insiste quand même, ne serait-ce que pour la forme.
    
    — Non non, je comprends, je t’assure, no problem. Tu me feras visiter ton chez-toi plus tard, quand on se connaîtra mieux.
    
    Et pour lui montrer que je ne lui tiens pas rigueur de sa rigueur, je lui prends la main, pour la première fois. J’ai peur un instant qu’elle la reprenne, parce qu’elle a tressauté légèrement, mais elle me la laisse. Elle ne dit plus rien, et je lui presse doucement les doigts dans ma paume. Je la sens un peu émue et je voudrais juste lui dire que je l’aime bien avant de la raccompagner devant chez elle et de la laisser, mais à son tour, elle glisse ses doigts entre les miens. Sa main est douce et chaude, je suis agréablement surpris.
    
    — Bon, tu peux passer 10 min, si tu veux. Mais pas plus.
    
    On a l’impression qu’elle m’octroie une faveur pour laquelle je l’aurais suppliée. C’est peut-être ainsi qu’elle a traduit mon pressage et caressage de main, après tout ? La séquence des événements le laisse supposer, mais je n’en suis pas si certain. Peut-être a-t-elle plutôt attendu de voir si j’accueillais sereinement sa rebuffade et ...
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