1. Les premiers - épisode 2


    Datte: 24/12/2020, Catégories: aventure, sf, Auteur: Jean de Sordon, Source: Revebebe

    ... dans la grotte, la nuit était solidement établie. Abraham et ses amis ne purent que se féliciter alors de n’avoir pas traîné. Ils pouvaient s’imaginer passer la nuit sur la pente caillouteuse avec le risque énorme d’une chute mortelle, la crainte d’une attaque sournoise de la part des loups.
    
    Installés autour du feu, mangeant de la viande séchée et des fruits, ils écoutaient les duveteux parler dans une joyeuse cacophonie, se coupant sans cesse la parole, s’interrompant pour changer subitement de sujet. Catherine, après quelques tentatives pour imposer un semblant de discipline à ses interlocuteurs, avait renoncé et cueillait au vol les propos comme ils venaient, les traduisant de son mieux à l’intention de ses compagnons. À travers ces conversations décousues, Abraham et ses amis se formaient une idée plus précise de l’endroit où ils venaient d’arriver et ils sentaient leur curiosité se réveiller, brûlante et impérieuse, à chaque nouvelle mention de la «voix».
    
    — Mais de quoi s’agit-il donc ? grogna Abraham pour la dixième fois.
    
    Catherine Lamouette fit un geste d’ignorance, s’efforça une nouvelle fois d’aiguiller la conversation dans la direction qui l’intéressait.
    
    — Dis-leur que nous voulons voir…
    
    La jeune Française acquiesça, reprit son dialogue laborieux. Aux réactions de leurs interlocuteurs, Abraham, Bettina et Hiroko devinèrent que la réponse n’était pas enthousiaste.
    
    — Ils ne veulent pas, dit Catherine. Ils disent… ils disent que la voix les ...
    ... protège contre leurs ennemis et que de grands malheurs s’abattraient sur eux s’ils autorisaient des étrangers à la rencontrer.
    
    Gravement, un vieux duveteux dont la fourrure avait blanchi, prit la parole et, dans un silence qui impressionna fort les visiteurs, se lança dans un long discours que Catherine résuma en quelques mots : les duveteux ne souhaitaient pas partager la voix et ils demandaient à leurs amis, comme prix de leur hospitalité en quelque sorte, de ne pas chercher à en savoir plus.
    
    Il n’y avait pas à discuter. Abraham acquiesça.
    
    — Dis-lui que nous n’insisterons pas…
    
    Il fut ensuite convenu que Hiroko et Bettina retourneraient aux navettes, sous la protection des duveteux, et se livreraient, à bord de Kepler, à une reconnaissance aérienne du pays, tandis que Catherine et Abraham demeureraient au village pour en apprendre plus sur les duveteux.
    
    * * *
    
    Hiroko et Bettina atteignirent la vallée à la fin de la journée. Le soleil qui se couchait derrière les hautes frondaisons des arbres illuminait les herbes d’éclairs orangés. La traversée de la forêt s’était déroulée sans incidents. Vers le milieu de l’après-midi, des craquements de branches avaient signalé aux marcheurs la présence redoutable des loups, dont les terriens purent apercevoir dans l’enchevêtrement de la végétation les allures furtives. Mais, sans doute échaudées par leur précédente rencontre, les redoutables créatures ne tentèrent aucune attaque et disparurent silencieusement.
    
    Lorsqu’ils ...