1. Michel et Martial


    Datte: 22/12/2020, Catégories: hhh, copains, vacances, bain, bateau, amour, cérébral, hsodo, historique, Auteur: Claude71, Source: Revebebe

    ... prenait sa pine dans le fion, il restait viril tant qu’il ne disait pas « mon amour ». L’amour, c’était un truc de gonzesse.
    
    Le réveil sonna à quatre heures. La nuit avait été courte. Michel sortit discrètement. Il pourrait encore dormir un peu afin de paraître plus frais devant ses collègues ce matin.
    
    Martialembauchait à six heures chez Renault. C’était une autre vie. Il ne se plaignait pas. Comme ajusteur, à vingt-quatre ans, il gagnait bien. Quand il avait payé sa part du loyer, sa pension au Bar du Coin, ses clopes, il lui restait assez d’argent pour aider sa mère et ses jeunes frères et dépenser le reste pour les loisirs. Il avait pu ainsi s’offrir un vélo d’occasion et faire des virées avec Michel.
    
    Il l’aimait bien, Michel. Pour un intello, il ne se prenait pas la tête et il baisait bien. Il lui montrait plein de jolies choses, l’emmenait au musée, enfin, pas trop souvent. Ils préféraient passer leurs dimanches à se rouler dans l’herbe, à faire la bête à deux dos. Un seul jour de repos par semaine, cinquante-deux semaines de boulot, il ne restait pas beaucoup de temps pour la gaudriole. S’il fallait encore y ajouter la culture, même si c’était Michel qui le guidait, il y avait des moments où ça ne passait plus.
    
    Ils avaient visité Versailles et Michel, à cette occasion, lui avait expliqué la Révolution Française, pas celle des livres d’école mais la vraie, la Terreur, la guillotine, Robespierre qu’il comparait à Lénine. Il avait fait son éducation politique ...
    ... mais maintenant, sur ce plan, ils s’opposaient. Michel était socialiste. Il pensait que la démocratie allait finir par triompher, que les ouvriers plus nombreux que les bourgeois sauraient se faire entendre et imposer des réformes.
    
    Martial, sans avoir sa carte, inclinait plutôt pour les communistes. Il voulait voir la révolution triompher comme en URSS. Depuis la naissance du Front Populaire, l’année dernière, ils étaient au moins d’accord sur une chose : il fallait barrer la route aux fascistes. Si Blum gouvernait, on verrait bien si les socialistes sauraient tenir leurs promesses. Les ouvriers avaient intérêt à faire pression pour que ça marche. À l’usine, on en discutait souvent.
    
    Dans les semaines qui suivirent, des grèves éclatèrent. D’abord sporadiques, elles s’étendirent à de nombreuses entreprises. À la fin du mois, les ouvriers de chez Renault rejoignaient le mouvement. Martial dormit dans son atelier. Michel passait souvent après les heures de classe. Il se chargeait du ravitaillement, préparé par Josette. Il ne pouvait entrer et les moments d’intimité avec Martial se faisaient rares. La CGT obtint un accord. Le travail reprit, mais ailleurs ça continuait, touchant tous les secteurs.
    
    Le 7 juin, les Accords Matignon octroyaient des augmentations de salaire. Dans la foulée, on annonçait d’importantes réformes sociales. Quarante heures de travail hebdomadaire au lieu des quarante-huit habituelles, quinze jours de congés payés par an permettraient aux ouvriers de ...