La gouailleuse - Histoires de Sexe

La gouailleuse

... Marie-Hélène Dumartin ! Ben, c’est la femme de l’ancien buraliste. Mais ils ont fait faillite et, depuis, lui est parti, il s’en est trouvé une plus jeune. Remarquez qu’il a eu raison, le bougre, car elle l’avait tellement cocufié qu’il aurait largement pu obtenir le divorce en sa faveur. Mais ils ont préféré rester mariés, même s’ils vivent depuis longtemps chacun de leur côté.
— Remettez-moi deux ou trois tranches de jambon, ai-je dit pour clore le sujet.

Je suis retourné plusieurs fois au bar, dans l’espoir de l’y rencontrer à nouveau. Et mon insistance a finalement été récompensée. Un jour enfin, je l’ai vue rentrer en boitant à moitié.

— Salut Jean-Louis, qu’elle a dit au serveur.
— Bonjour la Marie, qu’est-ce que je te sers ?
— Un p’tit ballon pour commencer (Elle l’a englouti d’un trait). C’est bien vide aujourd’hui !
— C’est à cause des vacances. Mais ils vont arriver.

J’ai profité de cette relative intimité pour m’approcher d’elle. J’avais les jambes flageolantes, un trac monstre…

— Nous sommes voisins, ai-je lancé.

Elle m’a regardé en grimaçant. Elle me dépassait d’au moins dix centimètres, malgré mon mètre quatre-vingt-trois.

— J’habite juste en face de chez vous… Je peux vous payer un verre, si vous voulez.

Elle n’a pas fait de difficultés et m’a suivi jusqu’à ma table.

Je ne savais pas trop de quoi parler. Je lui ai parlé des voisins, des commerçants, du village, je ne connaissais pas ses centres d’intérêt. Elle a avalé son verre sans ...

... rien répondre. J’en ai commandé un autre :

— J’ai envie d’me faire tringler.

Je l’ai regardée, interloqué, complètement incrédule. Elle n’était pas suffisamment ivre pour dire n’importe quoi.

— Oui, t’as bien entendu, j’ai envie de m’faire bourrer… J’ai vu ton p’tit manège l’autre jour chez le boucher. Alors j’y suis retournée, j’ai été demander à André. Il m’a dit que vous aviez parlé de moi, que je t’intéressais… J’ai rien contre les hommes mariés, bien au contraire, et puis, tu es plutôt beau gosse… Alors, si tu veux en profiter, tu sais où j’habites, t’as qu’à sonner !

Stupéfait ! Je n’ai trouvé rien à redire.

Alors, elle s’est levée, m’a lancé une œillade plutôt vulgaire, avant de rejoindre le zinc où deux routiers venaient d’arriver. Ils l’ont brièvement saluée.

« Ma femme est belle, intelligente, spirituelle. Qui plus est, elle est très amoureuse… Et moi, en beau salaud, je vais la cocufier avec cette femme incroyablement vulgaire. Je vais me taper ça ! Non ! Je suis un vrai crétin. », que je me disais, en reluquant la gouialleuse. Mais, en même temps, je bandais. Curieusement cette grande jument grisonnante m’attirait.

Non, ce qui m’attirait réellement, c’était son incroyable vulgarité et son envie de se faire « tringler ». Elle n’avait pas dit « sauter » ou « baiser » mais « tringler » et « bourrer ».

L’envie était trop forte, j’ai filé aux toilettes et je me suis branlé comme un malade en pensant à ses cheveux gris, aux toiles d’araignée qui ...