La gouailleuse - Histoires de Sexe

La gouailleuse

J’étais au bistrot avec un collègue. Ce n’est pas le genre d’endroit que je fréquente d’ordinaire, mais Jérôme avait des choses à me dire : cela concernait la boîte et, en particulier, le grand patron.

Je l’écoutais discrètement en sirotant mon gin. Les ragots, ce n’est pas trop mon truc.

C’est alors que j’ai vu cette voisine. Je l’ai tout de suite reconnue, elle habitait de l’autre côté de la rue, juste en face de chez moi, une femme très grande et plutôt charnue, un grand cheval, des cheveux poivre et sel, la cinquantaine bien tassée.

Là, elle était en grande conversation avec trois piliers de bar qui braillaient à tout va en riant grassement. Et elle n’était pas non plus la dernière à beugler. Nos quatre larrons avaient l’air passablement imbibés.

D’où j’étais, je n’entendais que des bribes de conversation :

— C’qui lui faudrait pour la calmer, c’est un bon ramonage de chaudière.
— Et moi, c’est dans l’cul que j’aimerais bien lui mettre.
— Arrêtez les comiques ! Vous m’faites rigoler, vous z’êtes même pas capables de bander convenablement.
— Si tu l’avais dans la bouche, tu dirais pas ça, ma vieille.
— Pfuut… Elle doit pas être assez grosse pour moi. Y m’faut des hommes bien montés, à mon âge. Et des mecs qui bandent dur.
— Arrête de l’exciter Charly, tu lui rappelles sa jeunesse. La mamie elle délire, c’est des toiles d’araignées qu’elle doit avoir entre les cuisses.

Et les alcoolos de se bidonner en vidant leurs verres.

Un peu plus tard, j’ai ...

... vu la voisine traverser la salle en titubant.

— Allez vous faire foutre, bande de connards impuissants.
— Dans ton état, c’est une bonne bourre qu’y t’faudrait la Marie ! a gueulé un de ses comparses à travers le bar.

Puis elle a grogné quelque chose d’inaudible, avec un air mauvais, et s’est à moitié cassé la figure en franchissant la porte. Mais personne ne l’a aidée, et personne ne l’a suivie. Les trois hommes en ont recommandé un autre, un petit dernier, paraît-il :

— Elle est plutôt moche, vieille et un peu con sur les bords, mais j’y foutrais bien ma bite, ont-ils joyeusement commenté.
— Il paraît que Lucien, lui, il se l’est faite !
— Non, déconne pas.
— Il paraît même qu’elle a la chatte en feu et un sacré coup de reins.
— Tu parles ! Lucien c’est un vantard. À l’écouter, il se les est toutes faites. N’empêche que la Josette m’a dit qu’il était même pas capable de bander…

Quelques jours plus tard, je croise cette femme chez le boucher. Elle a l’air beaucoup moins drôle, lorsqu’elle est à jeun. C’est vrai qu’en plus elle fait vraiment vieille femme. Mais, qu’importe, cela ne m’a pas empêché de me masturber par deux fois ces jours-ci, en pensant à elle. Les fenêtres de son appartement sont presque en face des miennes. Dommage qu’il y ait de grosses tentures, excepté dans la cuisine où je la vois parfois passer.

Juste un petit signe de tête qu’elle me rend à peine. Une fois qu’elle est partie, je demande au boucher :

— C’est qui cette femme ?
— ...