Vacances de Pâques - Histoires de Sexe

Vacances de Pâques

Une femme sans âge traînait derrière elle une lourde valise, que David a soulevée et mise à côté de son sac et de son imperméable. Elle l’a remercié avec un petit sourire triste et s’est assise en face de lui, comme en s’excusant de n’être ni jeune ni jolie. Derrière, deux filles jacassaient en riant trop fort. Fouettée par la pluie, la vitre ruisselait de larmes.

Les hurlements interminables de souffrance de l’acier des rails et des roues couvrent maintenant la voix des deux filles… Un omnibus. David a sorti un livre qu’il n’a pas envie de lire, un carnet sur lequel il a griffonné quelques lignes d’égale longueur avant de le refermer. Une bonne heure à tuer.

* * * * *

Alors que la nuit commence à tomber, les platanes, comme chaque année au début du printemps, lancent vers le ciel de petits poings menaçants. La pluie aura cessé sans qu’il s’en aperçoive. L’air est doux, le vent vient du sud.

— Dire qu’il neigeait encore la semaine dernière, vient de dire la boulangère à quelqu’un que David ne connaît pas.

Elle se retourne.

— Tiens, David, j’te monte ? J’attends Karine. Tu l’as pas vue dans le train ?

La voilà, Karine, toujours un peu ahurie, avec ses gros yeux à fleur de tête et ses grandes dents de guingois. Jupe rougeâtre, gros mollets, chaussures de marche, elle se déhanche pour porter son gros sac.

— Salut, David. On s’est pas vus, on était pourtant dans le même train. Tu montes avec nous ?
— Mettez vos sacs dans le coffre et grimpe devant, ...

... David, ordonne la boulangère. Comme la dernière fois, dans le fourgon.
— Mais Karine…
— Monte derrière, Karine. T’en fais pas, David, ça va pas recommencer… Tu vas bien ? Ça fait déjà un bail, la dernière fois, hein ! La route est encore un peu mouillée mais je vais faire gaffe, ça va pas recommencer. Tiens, raconte-lui, à Karine, elle va bien rigoler.
— Vous y tenez absolument… ?
— Raconte, j’te dis !
— Bon. C’était il y a trois ou quatre ans, alors que je remontais à bicyclette…
— Tu venais de fricoter avec ta Cécilia, comme d’habitude, interrompt Karine.
— Ah ! Tu savais ?
— Comme tout le monde ! Toujours ensemble, vous deux, en ville. Qu’est-ce que tu pouvais bien lui trouver ? Mais continue donc, obéis à ma mère.
— Je venais de la piscine. J’avais mis mon polo sur le porte-bagages, j’étais en short.
— Non, corrige la boulangère. En slip de bain. Noir.
— J’aurais juré que j’étais en short.
— En slibar, j’te dis ! Tu voulais toujours bronzer. Continue.
— Le fourgon de ta mère me double, et s’arrête. Elle me demande si je veux monter avec elle. J’aurais bien continué sur mon vélo mais elle avait été gentille de s’arrêter. Je mets la bécane derrière et on repart. Ta mère lorgnait mon torse et mes cuisses plutôt que la route.
— Faut dire que t’étais pas mal foutu, déjà.
— Juste avant Le Roc, au-dessus du ravin, elle pose sa main droite sur ma cuisse, en disant qu’elle m’enlève une sacrée épine du pied, hein… Les roues frôlent le fossé à droite, elle donne un coup de ...