1. Mon patron, cet abruti (2 / 7)


    Datte: 10/12/2020, Catégories: nonéro, Humour Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe

    ... caresse le nez.
    
    — Alors, c’est ça le bout de pizza que tu m’as laissé ? Tu commences un régime ? Quelle idée !
    — Je voudrais être mince, comme toi.
    — Tu dois être toi-même. Tu es blonde, opulente, sexy. Moi, je suis trop grande, trop maigre. Mais c’est moi. Je suis comme ça. Et je m’assume.
    — Tu es sublime. Tous les mecs sont à tes pieds.
    
    Cette fois, Pauline éclate de rire.
    
    — Mais non, pas tous ! C’est mon tempérament qui fait ça ! Si j’avais ton physique, en plus de mon caractère, ce serait quelque chose, ça oui ! Et je vais te faire une confidence…
    
    Je garde le silence. Les confidences de Poppy sont comme son inépuisable optimisme : elles valent parfois le détour.
    
    — Si je ne ramène pas mes copains plus souvent ici, c’est parce que dès qu’ils te voient, c’est de toi qu’ils ont envie. Et j’ai horreur de baiser avec un mec qui fait ça en pensant à ma petite sœur !
    
    -oOo-
    
    Mercredi 10 septembre.
    
    Un tintamarre infernal m’arrache à mon sommeil et je maugrée, en me retournant dans mon lit, à l’intention du malotru qui abuse de coups de klaxon en pleine nuit. Je m’aperçois alors brutalement qu’il fait déjà clair, qu’il est sept heures trente du matin, et que le malappris n’est autre que mon réveil électrique, dont l’alarme réglée à fond s’époumone à me rappeler qu’il est grand temps de m’activer.
    
    Je rejette mes couvertures et, encore à moitié endormie, m’extirpe du lit, direction - pensé-je - w.c. et salle de bain, mais mon pied atterrit sur quelque ...
    ... chose qui se dérobe instantanément, m’envoyant sur les fesses dans le fracas des objets qui dégringolent de la table de nuit à laquelle j’ai essayé de m’accrocher par réflexe.
    
    Je me redresse tant mal que bien en me demandant si, fêlé jusqu’alors, mon cul ne s’est pas définitivement brisé en deux ! Tandis que je masse en grimaçant la région endolorie, je lance une œillade incendiaire vers le bouquin à la noix que j’avais laissé choir près du lit en m’endormant enfin, probablement vers les deux heures du matin.
    
    La porte de ma chambre s’ouvre, et Pauline apparaît, à moitié endormie elle aussi.
    
    — Ta… pa… tu… veil ? me dit-elle en portant une main à son front.
    — Quoi ?
    — Ta… rèrèpa… tu… veil ? répète-t-elle.
    — Hein ?
    
    C’est incroyable. Je n’arrive pas à comprendre ce qu’elle essaie de me dire ! Suis-je si endormie encore, ou le choc sur mon éminence charnue a-t-il des répercussions sur mon acuité auditive ? À moins que ce ne soit tout simplement ma frangine qui articule mal quand elle parle…
    
    — T’ARRÊTERAIS PAS CE FOUTU RÉVEIL ? hurle-t-elle enfin juste avant d’aller repêcher l’objet au pied de ma table de nuit et d’arracher la fiche de la prise pour le réduire au silence.
    
    Pauline se redresse et me regarde en se penchant devant mon visage.
    
    — Hou là ! Ça va pas, toi !
    — Aah beuh ?
    — En effet !
    
    Je me laisse entraîner vers la salle de bain et ce n’est que quand je me retrouve au milieu des carrelages de la douche que je me rends compte de la situation.
    
    — ...
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