Mon patron, cet abruti (2 / 7)
Datte: 10/12/2020,
Catégories:
nonéro,
Humour
Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe
... Pauline, qui travaille assez tard dans une boutique de vêtements. Je n’ai pas le courage de préparer un vrai repas, alors je farfouille dans le congélateur et en sors une pizza. Pendant que le four est en préchauffage, je me déshabille en vitesse et me rafraîchis sous la douche, après quoi je m’examine dans le miroir de la salle de bains.
— Va falloir faire un effort, je maugrée en me remémorant la comparaison avec la svelte Cheryl, à côté de laquelle je me fais l’effet d’être une grosse vache.
Je pense aussitôt à la pizza qui m’attend et me dis que c’est déjà mal barré pour ce soir. Je hausse les épaules et retourne vers le living en enfilant ma robe de chambre, consolée quand même par la disparition des marques du malheureux soutif.
Quand ma sœur rentre, je suis vautrée dans le salon de coin, pieds nus sur la table basse, à moitié endormie devant la télé qui diffuse une série américaine à la con.
— Oh ! C’est la grande forme ! s’exclame-t-elle en jetant son sac dans un coin. Pas croyable ce que t’as l’air vannée par ta journée de travail !
— Je SUIS vannée, je grommelle.
— C’est donc si dur ?
— Oh ! Poppy…
Elle est déjà au coin cuisine.
— Ouah ! C’est chic de m’avoir laissé un morceau de pizza !
Je l’entends qui enfourne l’assiette dans le micro-ondes.
— T’es vraiment fatiguée, là ! ironise ma frangine. En temps normal…
— … j’aurais tout bouffé, je sais !
J’ai renoncé sur le dernier tiers et, étrangement, ça ne m’a pas paru être un ...
... sacrifice insurmontable, mais j’ignore s’il s’agit d’un effet de la fatigue, du stress de la journée ou d’une réelle envie de me débarrasser de mes kilos excédentaires.
Pauline revient près de moi en mangeant. Elle me fascine et m’horripile tout à la fois, avec son énergie débordante, son physique de mannequin et son appétit d’oiseau.
— Allez, raconte ! dit-elle en s’asseyant.
Je soupire. Une vieille habitude.
— Je suis tombée dans une maison de fous.
— C’est pas ça qui devrait te tracasser ! fait Pauline avec sérieux tout en mordillant un morceau de pizza par-dessus l’assiette.
Je me renfrogne.
— Poppy ! Si tu te paies ma fiole, je me tais !
Elle pose son assiette et vient près de moi, m’entourer les épaules d’un bras protecteur.
— C’est donc si grave ?
Elle a pris une voix douce, chaleureuse, dont toute moquerie a disparu. Je sais qu’elle s’inquiète pour moi, alors je lui raconte ma journée par le menu, sans omettre aucun détail.
— C’est une gouine, me dit Poppy.
— Tu crois ?
— D’après ce que tu me racontes, c’est probable. Il y a aussi une autre possibilité…
— Oui ?
— Elle a un sérieux oignon à peler avec Darville ou avec sa femme, ou avec les deux, et elle rumine une vengeance de derrière les fagots. N’a-t-elle pas dit que son boss allait fantasmer sur toi ?
— Je me demande bien pourquoi.
— Sois pas complexée comme ça, bébé, t’es une vraie bombe.
— Arrête ! J’ai bien dix kilos de trop. D’ailleurs, je t’ai bousillé un soutif.
Pauline me ...