1. Mon patron, cet abruti (2 / 7)


    Datte: 10/12/2020, Catégories: nonéro, Humour Auteur: Anne Grossbahn, Source: Revebebe

    ... Poppy ! Nooon ! je crie.
    
    Mais il est déjà trop tard ! La flotte glacée me tombe dessus violemment, me faisant suffoquer. Je n’ai même pas eu le temps d’ôter ma chemise de nuit, ni d’aller faire mon petit pipi avant toute chose. Déjà, ma sœur s’esquive prestement.
    
    — Je vais te faire ton café, m’annonce-t-elle.
    — Trop sympa de ta part, je grogne en arrêtant la douche.
    
    J’enlève la chemise de nuit trempée qui me colle au corps et relance l’eau à une température plus confortable. Le traitement de choc a eu le mérite de me réveiller complètement, et lorsque j’arrive dans la cuisine un peu plus tard, Pauline me pousse sous le nez un café propre à réveiller un mort.
    
    — T’as mis quoi, là-dedans ? dis-je en grimaçant. Du goudron ?
    
    -oOo-
    
    Je progresse - avec l’aide bienveillante de ma sœur, il est vrai - dans ma gestion du temps : il est huit heures cinquante à peine lorsque j’arrive au boulot. Axel et Cheryl ne sont pas encore arrivés, mais François est déjà si bien plongé dans ses paperasses que je me demande s’il n’a pas passé la nuit au bureau. Je n’ai pas bien observé, mais peut-être a-t-il planqué un lit de camp quelque part dans le fouillis du local documentation. Ce serait bien son genre !
    
    — Ça marche ? demande-t-il après m’avoir saluée aimablement.
    — Pas de problème.
    
    Il louche vers moi, de ses yeux bleu pâle planqués derrière ses lunettes de myope.
    
    — Moi, les langues slaves, j’y pige que dalle ! Cheryl se débrouille bien, mais c’est trop de boulot ...
    ... pour qu’elle s’en sorte toute seule. Elle est déjà tellement occupée avec ses papiers en tching-ping-ping !
    
    L’expression me fait sourire : Cheryl jongle avec les idéogrammes et autres chinoiseries et japonaiseries. Lorsqu’elle arrive, je ne puis m’empêcher de penser aux événements de la veille, et aux conclusions de Pauline lorsque je lui ai parlé d’elle :« c’est une gouine, ou alors elle a un oignon à peler avec Darville et sa femme ». Je me dis aussi que ce pourrait être une combinaison de tout ça, et ça ne me rassure pas.
    
    Lors de la pause de midi, Cheryl m’annonce qu’elle s’en va faire quelques emplettes en ville, et me propose de l’accompagner, mais je décline poliment l’invitation, déclarant avoir juste envie de sortir m’acheter un sandwich et de rentrer rapidement pour me remettre au boulot. Nous sortons ensemble et nous quittons à l’entrée du snack. Lorsque je regagne le hall d’entrée de l’immeuble, j’ai la surprise d’y rencontrer le boss en personne, qui s’efface pour me laisser entrer dans la cabine de l’ascenseur. Je cherche d’office un prétexte pour m’enfuir, mais n’en trouve aucun sur le moment, alors je mords sur ma chique et me retrouve avec lui dans cet espace étroit.
    
    Pendant que monte la cage, nous gardons un silence gêné, mais arrivés dans le petit hall du deuxième étage, Hubert Darville s’inquiète soudain de ma petite personne.
    
    — Comment se passent vos premières journées parmi nous, mademoiselle Saintjean ?
    
    Il semble aimable et souriant, et son ...
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