Tentation
Datte: 08/12/2020,
Catégories:
jeunes,
copains,
piscine,
revede,
nonéro,
amiamour,
Auteur: Lilas, Source: Revebebe
Derrière la verrière, les ombres s’allongeaient lentement. Je me trouvais chez Pauline, ma meilleure amie. Son père possédait une petite piscine privée, couverte, ce qui était un avantage certain ! On était le 23 août, et la chaleur, dehors, était accablante depuis des jours. Pauline et moi nous retrouvions donc tous les jours au bord de la piscine, fraîche et bleue comme un lac de montagne.
Pauline avait beau se plaindre qu’appartenir à la haute bourgeoisie de la ville était un calvaire de tous les jours, et qu’on la considérait continuellement comme une fille à papa, j’étais loin de partager son avis, surtout en ces jours brûlants ! Limite si, en croisant son père ce matin, près du hammam, je n’étais pas tombée à ses pieds pour lui baiser les orteils !
— Tu m’écoutes, Chu ? marmonna soudain Pauline, du haut de son transat où elle était vautrée, deux tranches de carottes posées sur ses paupières closes.
J’étouffai un fou rire en l’observant, cette « fille à papa » si cul-cul la praline, même pas fichue de s’offrir une crème Dior hors de prix pour dégonfler ses cernes (conséquence de nuits plutôt mouvementées) ! Non, il fallait toujours qu’elle fasse comme tout le monde. Et c’est sans doute pour cette raison qu’elle était mon amie, après tout.
Je sortis de l’eau, et m’assis sur le rebord mouillé pour lui parler.
— Tu sais, quand on a la tête sous l’eau, on n’entend pas, répondis-je du tac au tac.
Elle poussa un soupir à s’en fendre l’âme. Sans bouger d’un ...
... iota. D’un geste, j’ôtai mes lunettes de plongée, souriant dans le vide.
— Que disais-tu, May ? repris-je doucement.
Je l’appelais May depuis l’enfance. Allez savoir pourquoi. Peut-être parce que lorsque j’étais petite, j’avais entendu son nom de famille, Mailland. Mon père m’avait alors appris qu’il existait un rosier appelé « Mme Meilland », et je l’ai trouvé magnifique. Depuis lors, Pauline était devenue May.
Ça lui plaisait bien. En prenant un autre nom, elle avait l’impression d’endosser une autre personnalité. Elle pouvait être différente avec moi, changer d’identité. Elle qui a toujours mal vécu le fait d’être la fille « de », se lâchait complètement en ma présence. Enfin, « lâcher » est un grand mot, dans la mesure où May complexait à mort sur son physique, étant d’une pudeur et d’une timidité presque maladive. Étonnant, pour quelqu’un de sa position sociale !
Quand on connaissait bien May, on ne s’étonnait plus que moi, jeune femme banale et quelconque, fusse si importante à ses yeux. Elle aimait se mêler aux autres, s’immerger dans la normalité, dans la banalité presque. Sa famille – surtout sa mère – lui demandait constamment de tenir sa place, de s’habiller comme ci ou de parler comme ça. J’étais pour elle une grosse bouffée d’oxygène. Inutile d’ajouter que sa mère ne pouvait pas me voir en peinture. Mais, chance, elle était en croisière sur leur yacht, au large de Chypre.
— Je disais, reprit May, que j’étais étonnée de ne plus entendre parler du beau ...