Le bout du début
Datte: 23/11/2020,
Catégories:
fh,
Oral
pénétratio,
sf,
Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe
... assiette de scones émergèrent. Elle les prit et les posa devant elle. Le panneau se referma. Depuis son entrée dans la pièce, elle avait constamment gardé la tête basse et aucun mot n’avait été prononcé. Aussi fut-il surpris quand, sans relever la tête, elle s’adressa à lui :
— Heinrich, je suis désolée, bafouilla-t-elle d’une voix à peine audible, le nez dans le bol. Je me suis montrée injuste avec vous. Je vous prie d’accepter mes excuses.
Il levait la langue pour lui répondre une banalité, mais il retint ses mots. Il lui avait fallu du courage pour s’excuser ainsi. Lui renvoyer un lieu-commun aurait été stupide. Qu’est-ce qu’il allait pouvoir dire. Les événements lui épargnèrent une plus ample introspection.
La sirène d’alarme du vaisseau retentit bientôt remplacé par la voix de Multivac :
— Alerte ! Alerte ! Nuage de météorites ! Rencontre dans 614 secondes ! Risque de collision.
— Multivac ?
— Oui, Monsieur Zeldon.
Multivac avait accepté sans problème de répondre à ce surnom donné par le Suédois, mais il refusait toute familiarité avec les spationautes. Il donnait du monsieur à Danilo et à Heinrich ; du mademoiselle à Gladys, ce qui la faisait pouffer à chaque fois ; du madame à Susan parce qu’elle avait été mariée.
— Ne peut-on contourner ou éviter cette zone ?
— Non, monsieur Zeldon, elle a un volume de plusieurs dizaine de milliers de kilomètres d’arêtes. Le vaisseau atteindra les premiers météorites avant que la trajectoire soit suffisamment ...
... déviée.
— Quelle est la probabilité de collision ?
— Très élevée, monsieur Zeldon.
— Tu ne peux être plus précis ?
— Plus de précision n’apporterait rien de plus, monsieur Zeldon
— Alors, on va mourir, intervint Susan d’un ton paniqué.
— Toutes les sécurités du vaisseau sont activées. Les canons de répulsion sont armés. Le vaisseau fera tout ce qu’il doit pour protéger vos vies, madame Venabili.
Cette réponse ne rassura ni Susan qui se tordait nerveusement les mains, ni Heinrich dont l’inquiétude grandissait. Dans la programmation de Multivac s’inscrivait une variable qui l’empêchait d’annoncer directement une mauvaise nouvelle. Mais on était encore très loin des lois de la robotique chères à son créateur littéraire. Les réponses du leur étaient tellement maladroites qu’elles en devenaient plus inquiétantes.
— Bon ! Tu vas nous protéger ! C’est super ! ironisa Heinrich. Mais nous qu’est-ce qu’on doit faire ?
— La consigne en cas d’événement présentant un danger potentiel est de rejoindre votre cabine et d’en activer la PersonalProtect, monsieur Zeldon.
— À vos ordres, captain. Allez Susan, rejoignons nos quartiers. Nous ne risquons rien puisque Multivac s’occupe de tout.
Ces derniers mots exprimés sur le mode badin, il s’extirpa de son siège. D’une démarche qu’il voulait décontractée, il se dirigea vers sa cabine.
— Non !
Ce cri le figea sur place. Il se retourna. Elle s’était levée. Mains étreignant la table. Yeux noyés de larmes. Terreur et désespoir ...