1. Voyage aller


    Datte: 19/11/2020, Catégories: h, fh, inconnu, voyage, revede, occasion, Auteur: A.Keelt, Source: Revebebe

    ... ses lèvres pulpeuses. Elle assemble vivement ses dossiers, les met dans une chemise cartonnée, se lève et place le tout dans son bagage à main rangé dans la petite soute, se rassoit, attache sa ceinture, remonte sa tablette et me jette brièvement un sourire que je lui rends, sans chercher à engager la conversation. Par le hublot j’aperçois les premières lumières de Brastislava, on entend le train d’atterrissage qui sort. La descente s’amorce, atterrissage sans encombre, les touristes applaudissent.
    
    À peine l’avion s’est-il immobilisé qu’elle est déjà debout, rajuste d’un revers de main sa jupe, attrape sa valisette. Serré derrière elle je fais de même, et nous sortons rapidement, presque collés. Notre sortie de l’avion ne laisserait aucun doute à un observateur avisé : nous sommes bien de vaillants petits soldats du capitalisme mondialisé, habitué(e)s des aéroports. Cela se voit dans la manière à la fois lasse et énergétique de tirer sa valisette, la porter dans les escaliers, contourner les groupes de touristes qui consultent les plans, monter, descendre, repérer le panneau « taxis » dans n’importe quelle langue – dans toutes les langues « taxis » s’écrit comme une petite voiture.
    
    Je lui laisse quelques mètres d’avance pour contempler sa marche souple, ses jambes de soie qui s’échappent longuement de sous sa jupe, ses talons qui claquent, ses cheveux comme des vagues et ses fesses qui ondulent. Sortie Sud. Taxi. Un Slovaque fatigué charge sa valisette dans le coffre ...
    ... pendant qu’un autre Slovaque fatigué charge la mienne dans un autre coffre. Si elle se retourne je lui parle, c’est trop con de ne pas lui avoir parlé. Pour lui dire quoi ? « Bonjour, enchanté, moi c’est Arthur. Merci pour cette petite rêverie, j’aurais vraiment aimé que vous me suciez plutôt que de bosser pendant le vol, mais il n’est pas trop tard pour bien faire. Vous avez un adorable petit cul, ce doit être un plaisir de s’y perdre. Un petit taxi-coquin ça vous tente ? On monte ensemble, vous allez certainement quelque part au centre-ville, on s’installe sur la banquette, je vous caresse, vous me caressez, on se caresse pendant le trajet, et puis qui sait, on pourrait éventuellement envisager une suite plus sportive, je suis très doux, endurant, vous ne devriez pas avoir à vous plaindre… »
    
    Elle donne le nom de son hôtel au chauffeur, en anglais, The Five Flowers. Pas de bol, je suis descendu au Saturne Millenium Hotel… Évidemment, elle ne se retourne vers moi que lorsqu’elle est assise dans son taxi, toujours avec son délicieux sourire, alors que le taxi démarre. Je ne fais pas un geste.
    
    *****
    
    Mon taxi roule sans encombre. 22 h 30 un dimanche soir à Bratislava, les routes ne sont pas vraiment embouteillées. On atteint rapidement la ville elle-même. À mon grand regret nous n’avons pas rattrapé le taxi de ma belle… Anglaise ? Américaine ? Difficile à dire.
    
    Hôtel,check-in, charmant sourire de ladesk manager, je ne saurais dire si c’est la même que la dernière fois, ...
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