1. 55.3 La dernière fois que Jérém est venu chez moi.


    Datte: 24/04/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... à la main. Je me lève d’un bond, je me jette sur la porte pour lui empêcher de l’ouvrir.
    
    « Qu’est-ce que tu fais ? ».
    
    Je n’ai plus le choix, je n’ai plus le temps : je ne peux pas lui laisser passer cette porte sans lui avoir dit ce que je ressens pour lui.
    
    « Jérém… ».
    
    Jérém, trois syllabes qui contiennent pour moi toute la poésie de l’Univers ; Jérém, ce beau prénom qui rime si bien avec :
    
    « … je t’aime… ».
    
    Juste trois petits mots qui s’envolent de mes lèvres ; trois mots, un monde entier.
    
    C’est un cri du cœur qui me laisse vidé de toute énergie, la poitrine qui tape à tout rompre, la respiration coupée ; un cri qui n’a d’écho que le silence assourdissant de son destinataire, et son regard comme assommé, ébahi, figé.
    
    « Ecoute, tu sais quoi ? » fait Jérém après une pause insupportable « on va en rester là tous les deux, ça devient trop ingérable tout ça… ».
    
    Je sens le désespoir m’envahir comme un poison mortel, le ciel me tomber sur la tête, je n’arrive plus à respirer, ma vue se brouille, mes oreilles bourdonnent. Je ne sais même pas comment je trouve la force de le relancer :
    
    « Pourquoi tu veux tout gâcher ? ».
    
    « On aurait dû arrêter tout ça il y a longtemps… on n’aurait même jamais dû commencer… ».
    
    « Tu penses vraiment ce que tu dis ? ».
    
    « Oui… et ce coup-ci, on va arrêter pour de bon ! ».
    
    Je suis sonné, j’ai l’impression de venir de recevoir un grand coup de massue sur la tête.
    
    « J’ai pas envie d’arrêter, moi ! ».
    
    « Moi si ...
    ... ! ».
    
    « Mais putain ! Jérém ! Si tu savais à quel point tu comptes pour moi… je n’ai jamais ressenti pour personne ce que je ressens pour toi… quand je te vois, et même quand je pense à toi, j’ai le cœur qui bat la chamade… tu es tout pour moi… j’ai besoin d’être avec toi… je n’ai besoin de personne d’autre, juste de toi… ».
    
    Je sens mes larmes monter à grands pas.
    
    « Ça ne peut pas finir comme ça entre nous ! » je pleure.
    
    Jérém se tait, le regard posé sur la poignée de la porte. Ses traits sont figés, ses paupières clignent nerveusement, ses lèvres sont serrées, parcourues par un frémissement incontrôlable ; sa pomme d’Adam bondit sous l’effet d’une déglutition fiévreuse ; ses yeux se ferment lourdement, se rouvrent ; sa tête a un petit mouvement sur le côté, comme s’il voulait chercher le mien, puis il se perd à nouveau dans le vide.
    
    J’ai l’impression de me retrouver devant un garçon qui n’est pas mon Jérém ; un garçon qui se fait violence pour être aussi méchant. C’est horrible cette barrière en verre qu’il a érigé pour m’interdire l’accès à son cœur. Et ces barbelés qu’il est en train de tirer partout autour pour me blesser et m’éloigner de lui.
    
    « Laisse-moi partir maintenant ! » il me lance, tout bas.
    
    « Jérém, s’il te plaît… je t’aime Jérém, je t’aime tellement, je t’aime plus que tout, je t’aime depuis le premier instant que je t’ai vu dans la cour du lycée ! ».
    
    « Et moi, ce que j’aime, c’est juste te baiser… ».
    
    « C’est vrai ? ».
    
    « Puisque je ...
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