1. Abstinence


    Datte: 07/11/2020, Catégories: voisins, Voyeur / Exhib / Nudisme nonéro, sf, Auteur: Hidden Side, Source: Revebebe

    ... observait ce manège sans comprendre.
    
    — Vous mimez quelque chose, c’est ça ? hasarda-t-il.
    
    L’autre, une lueur d’espoir dans le regard, commença à secouer avec vigueur le menton de haut en bas, avant de s’interrompre, les traits déformés par la souffrance.
    
    — Quelqu’un qui beurre une tartine ? Non, rien à voir… Qui se lime les ongles ?
    
    Gatimel roula des yeux en silence et s’interrompit. Puis il tendit un index insistant vers Pichon, qui crut d’abord à un geste accusateur.
    
    — Eh bien, quoi ? J’suis pour rien dans ce qui vous arrive, mon pauv’ vieux ! protesta-t-il, embarrassé.
    
    En désespoir de cause, le clochard tapota alors sa poitrine de sa main droite, juste à l’emplacement du cœur. Par mimétisme, Pichon fit de même. Ses doigts rencontrèrent un petit cylindre allongé.
    
    — Ah ! Mon stylo ? Vous voulez… vous voulez écrire !
    
    Coup de menton de Gatimel, précautionneux, mais nettement affirmatif. Pichon lui tendit son bic carbure de tungstène antidérapant, avant de se mettre en quête d’un quelconque support inscriptible. En désespoir de cause, il finit par lui tendre le bloc plastifié pendouillant au pied du brancard sur roulette. Gatimel s’en saisit, arracha la feuille d’identification et traça un message rageur, qu’il tendit à Pichon :
    
    — Hé, dites donc, un ton en dessous ! s’offusqua le comptable, sans se rendre compte du ridicule de sa protestation véhémente. J’ai bien voulu casquer pour vos frais d’hospitalisation, alors, allez-y mollo, hein !
    — …
    — ...
    ... Bon, j’aime mieux ça ! On n’est pas là pour s’engueuler, tempéra Pichon.
    
    Haussement de sourcils excédé de Gatimel, suivi d’une oscillation incertaine de la tête. Il n’était pas en position de prendre de haut ce succédané de Pierre Richard.
    
    — Pourquoi ne pas m’avoir prévenu, pour votre… heu, ressemblance avec Depardieu ? lui demanda-t-il ensuite, en lui rendant la feuille.
    
    Il était clair à présent que ce qui leur était arrivé n’était pas un simple accident. Gatimel gribouilla quelques mots, hésita un petit instant, puis poursuivit :
    
    — Savez-vous qui a pu tenter de vous tuer ? questionna enfin Pichon.
    
    Le vagabond se lança séance tenante dans la rédaction d’une longue réponse. Après un moment, il tendit la feuille couverte de ses pattes de mouches à Pichon :
    
    Le message de Gatimel, chargé d’une émotion nouvelle, se poursuivait sur quelques lignes :
    
    Le vagabond, une lueur de défi au fond du regard, fixait Pichon droit dans les yeux. Sa rage muette lui donnait l’air d’un molosse dangereux, prêt à mordre le premier inconscient osant s’approcher.
    
    Francis Pichon savait que sa réponse risquait de lui valoir des moments effroyables, une remise en question de sa nouvelle vie enfin pépère. Mais, sans même prendre le temps de la réflexion, il décida de s’engager dans cette périlleuse aventure.
    
    — Oui. Je te le jure, Lucien, on va le trouver, cet enfoiré !
    
    Dès le lendemain, un agent de police délégué par le commissariat de quartier interrogea Lucien Gatimel sur son ...
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